Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
Newsletter
Pour être averti...
Une newsletter sera envoyée
quand le premier chapitre
sera posté.

Comment s'inscrire à la Newsletter ?

C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

Derniers commentaires
27 juillet 2020

1.17 > Ras le bonnet... ou le casque.

 Chien de Feu.

2067

 Stuart.

Sur l'écran holographique devant la fenêtre, la fête bat son plein. Dans la rue, il vente et neige. On ne sortira pas les dragons et les lampions de papier cette année. Même pas un quart d'heure. Ils resteront dans les vitrines des magasins et les salles des restaurants. Au chaud et au sec. Pas comme Stuart, qui décroche son blouson de moto. Sans enthousiasme. Il a essayé de ne pas faire de bruit en quittant la chambre, mais une voix ensommeillée se fait entendre derrière lui.

– Tu as encore un rendez-vous ? Par ce temps ? Pourquoi tu ne les envoies pas balader, ces connards ? Pendant que tu risques de te faire cramer au laser ou de geler dans la rue, eux, ils sont peinards dans leurs pantoufles !

Il hoche la tête. Envoyer Alpha et toute la clique se faire voir au bout du monde s'il y est, il en crève d'envie. C'est juste pas facile. Pis, ils ont beau être chiants et hyper-exigeants, ils sont du bon côté. Celui du Bien avec un grand B et de la justice en armure blanche. Objectivement, il a la vie dont il rêvait. C'est juste qu'agent secret, il n'avait pas imaginé ça comme ça. Il voyait ça plus cool. Moins sombre.

– J'en ai pas pour longtemps, ma petite mésange. Je reviens dans une heure. Deux, tout au plus.

La mésange grimace. La dernière fois qu'il a dit ça, il est parti pendant quinze jours. Il devine le reproche. Fait une petite moue désolée. Se gratte le crâne en cherchant un truc à dire. N'en trouve pas. Elle a raison. Un homme comme lui, c'est pas top. Un fiancé encore moins. Le pire qu'il lui ait fait, c'est la fois où son téléphone a sonné pendant qu'ils étaient en visite chez ses parents. Convocation immédiate.

Il aurait pu se contenter de ne pas décrocher et raconter ensuite à Alpha qu'il n'avait pas l'appareil sur lui. Aucune excuse bidon ne tient la route, face à Alpha, alors inutile d'inventer un rhume ou une panne de moto. Comme un con, il a obéi. Bien sûr, ça a fait mauvais effet sur les futurs beaux-parents. Presque aussi mauvais que la fausse couche de leur fille après qu'il ait été blessé. Deux grosses taches bien collantes tombées sur le gendre potentiel il y a un an et demi, mais qui ne sont pas près de s'effacer. Kiona a eu beau expliquer qu'il était policier, ça n'a pas suffi à rafraîchir l'humeur. Les héros, mieux vaut les avoir comme voisin que comme gendre, a dit la mère. Le père en a rajouté : même comme voisin, c'est un coup à prendre des balles perdues. Moralité: pas de risque-tout dans la famille. Même du bon côté.

Comme la majorité des agents Alpha, Stuart a quelque chose a cacher. Rien de honteux, mais si ça se savait, il n'arriverait plus à trouver la paix nulle part. Il serait bon pour aller vivre au fond de la forêt vierge.

Des fois, il se dit que ce serait peut-être la meilleure solution. Et puis, il n'est pas le plus mal loti, dans la bande. Le premier directeur d'Alpha était un cousin de son père. Il est mort récemment. Trop riche au goût de certains... mais était-ce sa faute à lui s'il est né dans une famille de milliardaires ? Largement suffisant à attirer des soupçons de trafic d'influence. Trop bardé de fric depuis sa naissance. Trop puissant, si on préfère. Rien de pire sur ce plan qu'un riche industriel, sinon un industriel très riche et original en prime. S'il voulait dominer le monde, ce serait fait depuis longtemps, disent les uns. Il le fait, mais on ne le voit pas, disent les autres. Et ils ajoutent qu'il est peut-être encore plus dangereux que le Marionnettiste. Le pauvre a supporté des insinuations sans nombre pendant tellement longtemps !

Stuart fait partie de ceux qui ont préféré voir les sommes faramineuses qu'il a dépensées sans aucun profit, mais il connaît mal ce côté de la famille. Sa mère s'est toujours un peu méfiée de ces richissimes extravagants aux bonnes intentions gigantissimes. Le lien de parenté est au niveau de Sarna, la mère de Gary. Sa demi-sœur était mariée à un de ces gars-là. Histoire d'amour entre deux petits jeunes qui auraient bien voulu, l'un comme l'autre, oublier les héritages de leurs familles respectives. Et puis, de toute façon, le héros s'en fout. Il neige, il vente et il va devoir une fois de plus laisser sa fiancée seule avec un paquet de chips et les mirages de l'écran holographique. Parce que le grand jour approche. Celui où on chopera le Marionnettiste.

« On va bientôt arrêter le Marionnettiste » prétendent les chefs... pfff ! Dix ans qu'on l'arrête bientôt ! A tous les coups ça foire. Pourtant, le jour où on y arrivera, ça va déstabiliser une sacrée portion des trafics en tous genres sur ce morceau de continent. Y'aura sûrement des tas de petits poissons qui se feront prendre après le gros. L'embêtant, c'est qu'il faut déjà le choper, ce gros.

Faut qu'il aille retrouver Zoé-17 pour vérifier des infos qu'elle a dégotées en plein cœur du Losange. C'est pas qu'il ne l'aime pas, cette fille à cheveux violets, mais elle lui inspire modérément confiance. Elle ne manque pas de bonne volonté mais elle est un peu bizarre. Peut-être même totalement barjo. Comme tous les alpha, en fait. La normalité, chez eux, ça n'existe pas. Ils sont tous cinglés.

Le temps d'un bisou à Kiona, qui a déjà dans les yeux l'inquiétude avec laquelle elle va l'attendre, et il disparaît dans l'ascenseur de l'immeuble. Direction la terrasse où sa moto est garée.

Il pourrait tout lâcher. Changer de boulot. Devenir quelqu'un de normal...

Casque sous le bras droit et poing gauche dans la poche, il regarde la neige lui brouiller le paysage.

Il pourrait...

Sauf qu'il ne peut pas.

Même s'il voulait, il ne deviendrait pas normal. Pour s'en assurer, Stuart sort son poing du blouson et l'entrouvre. Une petite lueur verte se forme entre ses doigts. Devient jaune. Puis se resserre sur elle-même en virant au blanc. Il ferme la main. Satané héritage.

Patrick aussi possède ce pouvoir. Il ne l'a pas développé autant. Plus jeune, Stuart était fier d'y être parvenu. Maintenant, il ne sait plus. Parfois, il a honte. A s'en cacher dans un placard. A s'en changer en cloporte. A en crever. Est-ce qu'il n'est pas, quelque part, une espèce de monstre ? Après tout... ce truc est dangereux. Grand-Mère le lui a bien expliqué. Peut-être qu'il devrait aller lui rendre visite. Il a beau avoir trente et un ans, elle saurait encore le conseiller.

Il n'aurait pas dû laisser connaître son secret à Alpha. Même s'il est de la famille de l'ancien directeur. Ces gens-là n'imaginent pas qu'un pouvoir « surhumain » puisse être dû à autre chose qu'une mutation génétique. Z'en connaissent aucun exemplaire, mais à force de voir ça dans les films, ça ne leur sort plus de la caboche. Pis même s'ils arrivaient à croire à la parapsychologie, ce ne serait pas une bonne chose. Ils seraient foutus d'exiger qu'il enseigne son art à d'autres agents. Choisis par eux, bien sûr.

Il y a des secrets dangereux.

Stuart ouvre l'un des garages de la terrasse. En sort la moto volante. Un jouet moderne qu'il n'aurait pas eu les moyens de se payer sans ce job de furieux. D'autant que c'est un beau modèle. Sans être vraiment high-tech sous tous les plans, Alpha équipe bien ses agents, côté moyens de déplacement et communication. L'engin possède de bons stabilisateurs et des réacteurs puissants qui devraient réussir à vaincre le vent, mais la neige ne va pas faciliter le décollage et la navigation. Il y arrivera quand même. Ils le savent. N'empêche... y sont un peu fous, de le convoquer par un temps pareil.

Et lui aussi, il est un peu fou, d'avoir décroché le téléphone.

Dans leur petit appart confortable, Kiona doit être en train de renifler dans les draps. Quand il rentrera, elle aura les yeux rouges et épais. Même s'il n'est pas en retard. Ça peut pas durer. Faut qu'il quitte ce cirque auquel il ne croit plus.

2018--jardin-japonais--2

Publicité
Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

Publicité
Publicité