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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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17 août 2020

1.20 > Le talon d'achille du géant

Sanglier de Feu

2067

Alex-Pique.

Le gamin va et vient dans la ruelle en râlant. Ça fait bien deux heures qu'il n'a pas arrêté de beugler, grogner, récriminer sur tous les tons. Alex ne dit rien. Il n'essaye même pas de réfléchir. Il y a des moments où il est totalement incapable de penser.

Plus un sou dans aucune de leurs poches à tous les deux, et ils viennent de rater un coup inratable. Braquer des connards sur le parking de sortie de la magnétovoie, faut pas être un génie du crime pour y arriver. Z'ont réussi à tomber sur un plouc disposant d'une voiture à défenses paralysantes. Z'ont eu de la chance de réussir à filer.

– Ça devrait être interdit, ces engins-là...

– Ça l'est. Faut des tas d'autorisations, et on les donne pas souvent.

Roch, surpris d'entendre la voix de son pote, reste muet un moment, puis il lui fonce dessus et le secoue comme un prunier.

– Tiens ? Tu récupères ta bouche ? Alors tu peux m'expliquer comment ça a foiré, ton truc ?

– Un ton plus bas... J'suis pas d'humeur.

– Ah ouais... J'oubliais... Monsieur le génie carbure à la baise et au kerag ! 

Va pas se taire, merde ? Alex essaye en vain de récupérer les quelques neurones qui surnagent encore dans sa tête noyée par la testostérone en ébullition. Saleté ! Faut qu'il arrive à se calmer.

– T'aurais pas été en manque, on aurait réussi ! C'est ta faute !

L'attaque est brutale et déloyale. Facile de dire ça... et en même temps, si Alex avait aussi mauvais caractère que Roch, il lui répondrait que sans son intelligence et sa force, ils ne survivraient pas longtemps. Hier encore, il a évité au petit con de se faire massacrer par deux porte-flingue femelles à qui il avait manqué de respect. Il ne dit rien. Il l'aime bien, ce mioche hargneux. Et puis, sans lui, il y a des tas de fois où sans lui,il ne saurait pas négocier la vente de ce qu'ils ont volé. Pas plus que proposer leur services d'homme de main au meilleur prix. Il est féroce en affaires, le gamin.

– Tu te rends compte qu'on a pas un sou ? Rien à bouffer ? Nulle part où dormir ? Quasiment plus de cartouches ? Bientôt plus rien dans les motos?

La dèche, quoi. Alex joue avec son coutelas. Il lui restera toujours ça. C'est pas la première fois qu'il dort dehors, ni qu'il chasse les rats pour se nourrir. En plus, y pleut pas. Si seulement Roch voulait bien se taire ! Dans son pantalon et dans sa tête, c'est pire que les volcans de la Préhistoire. Si seulement il pouvait avoir un peu de kerag pour calmer cette foutue crise. Même son traitement, il n'en a plus. Surtout ça, parce que c'est cher ce truc. Même s'il arrivait à dégoter quelqu'un pour coucher, ça ne suffirait pas. Il se sent capable d'y passer une journée entière. Avec n'importe qui. Gars ou fille, il s'en fout. Quand il est dans cet état, il se taperait même un robot. Une maladie hormonale, dit le docteur. Compliquée d'une espèce de mutation au niveau cellulaire, en plus. Paraît que c'est ça qui lui a fait des muscles modèle gigaXXL. Possible, mais elle a mal choisi son heure, cette crise. Et elle empire, en plus. Il en a des palpitations, la tête qui tourne, il entend trouble. La cervelle va bientôt se faire la malle. Il s'emmaillote les mains, des fois qu'il se mette à cogner sur n'importe quoi. Et ce connard de Roch voudrait qu'il arrive à réfléchir ?

Normal. Tout le monde arrive à réfléchir quand il le faut... pas lui.

– T'es vraiment un con, quand tu t'y mets... Je connais personne qui passe autant de temps que toi à baiser ! Et personne qui s'écroule comme toi quand y peut pas le faire ! Même si on te la coupait, tu guérirais pas, tellement t'es obsédé ! Elle repousserait ! Elle reviendrait comme les fantômes ! Tiens, j'ai trouvé ! T'es un mutant, avec une bite superbionique ! Dommage qu'on te l'ait branchée sur le cerveau !

– Reste pas trop prêt. Des fois que.

Roch comprend immédiatement la menace, et recule craintivement. Alex esquisse un sourire, qui l'effraye encore plus. Hé oui, gamin... faut pas me chercher trop. En plus t'es beau gosse, et moi j'suis une grosse brute cinglée. Va savoir ce qui pourrait me passer par les couilles.

– Essaye, et tu vas voir !

– T'es pas bien costaud, mais t'as déjà les épaules trop larges pour me plaire. Et puis, t'es affreusement mal rasé, et même, t'es crade. Oui, crade ! Je suis pas difficile, mais j'aime pas les crasseux ! T'inquiètes. Y'a aucun risque. Fous-moi la paix un moment. Ou dégote-moi de la compagnie. Ça fait trois jours que j'ai pas eu l'occasion, et j'ai même pas un somnifère pour me calmer les nerfs.

Le petit con a les yeux qui font des étincelles. Il y croit à sa gueule de séducteur et à ses vingt ans pas encore trop marqués de misère. Ça t'apprendra, merdeux. T'aurais préféré que je te chope pour me soulager ? Ben non. Obsédé, oui. Pédé une fois sur deux également. Violeur non.

En plus, c'est vrai qu'il est sale. Le cou jaune de saleté. Les ongles gras. Les cheveux vibrants de poux. Et une odeur de cambouis et d'urine perceptible à trois mètres. Et une haleine de chacal. Quand ils auront des sous à gaspiller, avant même de louer une chambre, faudra acheter du savon.

– Ah... il est beau, le génie ! Et moi, donc ? Ça fait au moins un mois que j'ai même pas pu embrasser ! J'en fais pas une affaire.

– Petit menteur... t'en parles tous les jours. Et si je te causais de la fille d'y a trois-quatre mois ?

Là, le copain se tait. Tout pâle, il est. Y serre les dents. L'est prêt à éclater. Y s'oblige à rester calme, juste pour prouver que lui, il est pas une brute et qu'il perd pas souvent la boule.

– J'avais bu... pis tu m'as empêché de finir. Y'a pas de quoi faire un plat.

Mais tu l'as bien commencée, petit salaud. Et pas en douceur. Alex ne dit rien. Il essaye de penser à autre chose. Le souvenir de cette nuit-là lui fait monter des pulsions de meurtre dans les poings. Oui, c'était bien entamé. Et pour la peine, le morveux s'est chopé une jolie rouste. Y'a des choses qui exigent un minimum de respect. Un jour, Roch ira trop loin, et leur amitié ne résistera pas. En général, le gamin boit peu. Il a un faible pour les trucs de bonne qualité, qui coûtent cher. L'ennui, c'est quand il sort avec une fille. Là, y fait le fier avec des tord-boyaux colorés et destructeurs.

– Si d'en avoir trop en bas, ça te vide du haut, t'as qu'à faire ça avec les mains.

– J'aime pas.

– J'oubliais que Monsieur est un sentimental !

Alex ne relève pas la vanne. Il est tout sauf sentimental. Son cœur, il est mort depuis longtemps. Peut-être même qu'il n'a jamais vécu. La comparaison bionique de Roch n'est pas idiote. Des fois, il se dit qu'il est une machine avec du sang et de la chair. Un robot mal conçu qui peut souffrir du froid et de la faim. La tristesse, l'amour... connaît pas. L'espoir, non plus. Les deux seuls sentiments qu'il se connaisse, c'est la Fierté et la soif de Vengeance. Il est programmé à ça.

C'est pour ça qu'il tient à conserver un peu de savoir-vivre, ou savoir-exister. Parce qu'il ne serait plus humain du tout, sans ça.

– On va aller voir Lilas.

– Tu crois que c'est bien le moment ? Bon.. En même temps... Au moins, on saura où passer la nuit.

– J'y ai amené des pièces détachées la semaine dernière. Elle aura peut-être les sous.

– Si elle a les a pas, je lui démonte les circuits à cette espèce d'androïde.

Alex fronce les sourcils.

– Sérieux... cette gonzesse, elle a une gueule pas humaine. Comment tu peux aimer ça ? Pis d'abord, t'es pas en état de tenir sur ta moto, connard !

Le géant penche la tête en arrière pour mieux rêver. S'il devait établir un classement de tous ses partenaires sexuels récents, à coup sûr Lilas serait dans le top 10. En plus de sa douceur de peau, elle baise comme une faunesse. Pis elle sait arranger l'ambiance. C'est con, mais il adore ça, les bibelots, la musique et les lumières. Et à chaque rendez-vous, elle porte un parfum différent, tous aussi délicieux les uns que les autres. En plus, comme lui, elle a un compte à régler avec le Marionnettiste. Ça compte, ça aussi. Roch comprend pas toutes ces choses-là. Tout ce qu'il voit, c'est son look de poupée synthétique.

– Quoi que tu peux trouver à une bonne femme pareille ? C'est parce qu'elle ressemble à un mec ?

– Ce qui manque avec les filles, c'est que je peux pas leur demander de me la mettre. Ce qui manque avec les mecs c'est qu'ils ont pas des aussi jolies fesses. Fous-moi la paix. On a plus de sous. C'est pas en me cassant les pieds que tu vas arranger ça.

– Et en te cassant la gueule ? J'en crève d'envie, le génie ! Ça te réveillerait peut-être !

Roch reprend ses jérémiades en mode mathématique et financier. C'est merdiquement chiant. Épuisant à mort. Alex se décide à procéder à la main. Ça l’écœure, mais y'a pas le choix. Il se sent horriblement seul quand il fait ça. Tellement qu'il en aurait envie de crever. De se pendre, de s'ouvrir la gorge, de se jeter du haut d'un émetteur magnétique... Ce truc-là, ça se fait à deux. Faut qu'il arrive à libérer un peu du trop plein. Juste assez pour récupérer une tête à peu près en état.

boules-relaxation-pierre

 

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CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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