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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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24 août 2020

1.21 > Le mari de l'écuyère n'aime pas les chevaux

 Sanglier de Feu

2067

Patrick.

Un petit gros aux doigts boudinés et au front graisseux guette Tanya avec une caméra et un mini-écran qui dépasse de la poche. Presque invisible, une carte de presse est épinglée sous son écharpe. Un reporter gagé par une holochaîne, et non un petit indépendant travaillant pour les microsites d'information. Mieux encore. On distingue le sigle de l'une des équipes liées à la branche multimédia du KEY. Si le reportage est sélectionné, ça peut passer sur les grosses chaînes à diffusion libre. Celles qu'on voit passer sur les écrans holographiques des immeubles. Avec un peu de chance et de rêve. La jalousie de Patrick essaye comme elle peut de se mettre en veille. C'est dur. Elle est plutôt susceptible. Pour trois fois rien, il devient dragon enragé veillant sur sa princesse. Tanya rit souvent de ses colères quand un homme la regarde un peu trop, et pour le consoler se hâte de l'entraîner un peu à l'écart pour l'embrasser. Il devrait avoir honte d'être aussi connement possessif. Tant pis. Il est bête amoureux et stupide orgueilleux en prime. Il ne va pas se refaire. Pour le moment, ce gars la reluque avec des yeux exorbités, mais il faut le supporter.

Les chevaux sont nerveux, ce soir. Ça tombe mal. Ou peut-être qu'au contraire ça tombe bien. Le gusse met en boite quelques jolies images de la belle dresseuse maîtrisant un mustang furieux. Patrick engueule en sourdine le technicien qui a laissé échapper l'animal. Le pauvre homme n'y peut rien. Il n'a pas été formé à ce genre de tâches. Le magicien s'en fout. Ce canasson n'est pas le seul à ressentir le besoin de hennir et se cabrer. Faut qu'il passe ses nerfs.

Cet onirium a vu passer quelques stars, en des jours meilleurs, mais se dégrade de plus en plus, et souffre de la concurrence de plusieurs autres salles au design plus récent. Il avait été question que Baudouin Matyald finance les travaux, mais il est mort l'an dernier. Patrick écoute distraitement des techniciens bavarder sur le sujet et sur le vieux milliardaire qui se foutait totalement de l'art et des artistes mais aimait beaucoup sa femme, qui elle, s'y intéresse beaucoup. Pas si vieux que ça, commente un d'entre eux, avec raison, mais un peu à côté du sujet. Peut-être qu'une fois l'héritage réglé, on se souviendra de l'onirium qui a besoin d'un coup de neuf, essaye de conclure un grand maigre. Une chose bizarre à cheveux bleus ricane que l'aîné de la famille vient de se marier. Il avait un peu mis la charrue devant les bœufs, et est déjà papa d'un petit garçon de six mois. Une petite voix timide précise qu'il aurait dû se marier, normalement, un mois après la mort de son père. La date tombait mal et il a repoussé, comme un bon fils. Bande de commères people. Feraient mieux de surveiller leurs projecteurs, câbles, et tout le toutim. Vivement que ça se termine.

Bras croisés, Patrick remâche sa nervosité. Sa mère lui répète souvent qu'il va se faire un ulcère. Son père lui glisse de loin en loin que cela va faire déraper ses pouvoirs. S'en fout. La réalité n'a pas besoin de ce truc surnaturellement con et lui il a juste besoin de sa douce Indienne.

Tanya n'est jamais si belle que pendant ses spectacles avec les chevaux. Elle ne s'en rend pas compte, mais sa joie d'être avec eux la rend rayonnante comme un astre. Partager ce délice avec un tiers est un enfer. Même si ce tiers est leur trop rare public. Pour ne pas avoir supporté cela en vain, Patrick demande au petit gros s'il sait où son reportage va passer. Le petit gros farfouille dans son mini-écran avec hâte et bonne volonté. Bafouille un truc puis un autre. Ne sait pas. Il filme, c'est tout. Ensuite, c'est pas lui qui décide. Il pense quand même qu'il y a de bonnes chances que ça soit utilisé. La vérité, c'est que le petit gros s'en fout. Qu'on l'emploie ou pas, son bout de film, il sera payé pareil. Et doit se sauver parce qu'il a encore quatre salles de spectacle à visiter.

Patrick le regarde s'éloigner avec un sentiment mêlé de « fous le camp » et de « tu vas pas avoir chaud ». Il neige. Il vente. Il fait un froid pas possible. Comme d'hab, la salle est presque vide. Même ceux qui avaient réservé leur place ne sont pas tous venus. Le seul point positif de la soirée, c'est ce journaliste. Ils vont finir l'année avec des dettes jusqu'au cou.

Les chevaux coûtent cher à entretenir et transporter. Bien plus que le matériel de magie de Patrick. Ils pourraient les vendre, mais à qui ? Personne ne les achèterait... et puis Tanya ne pourrait plus faire son spectacle, alors qu'elle, au moins, gagne parfois des sous. Lui, son désastre est permanent. Alors non, les chevaux, pas question de les vendre. Même si leur transport en semi-léthargie coûte une fortune, bien qu'un modiclonage soigneux les prédispose à supporter cela. Faut trouver l'argent ailleurs. Un cousin de Patrick a plusieurs fois proposé de lui en prêter. Solution humiliante, à laquelle devra tôt ou tard recourir. Ce jour-là sera l'échec absolu. S'il pouvait être sûr de rembourser rapidement ! Mais il n'est sûr de rien. Sauf que dans leur famille, les têtes de mule sont bigrement nombreuses et coriaces.

Une fois, deux fois, trois fois... Patrick a eu beau compter et recompter, ça ne rentre pas. Les dépenses et le recettes ne se complètent pas, ne se compensent pas. Ils vont encore finir le mois à la soupe populaire. Encore une chance que Tanya fasse partie d'un forum de bonnes âmes qui ne laissent pas les gens honnêtes crever de faim ni mourir de froid. Patrick en tire un peu la sensation d'être un clochard, mais dormir dans le local d'une association bien-pensante, c'est mieux qu'affronter la neige ou partager la stalle des mustangs dans les coulisses dans l'Onirium. Mieux aussi qu'accepter l'aumône des cousins à poches bien garnies.

Ces foutus canassons ont la chance que leur agent s'occupe de leur frais de logement. Bien sûr, il faut lui payer ensuite, mais quand les recettes ne sont pas suffisantes, il met ça en investissement.

Le spectacle terminé, Tanya remplace sa petite robe d'écuyère par une salopette pour s'occuper des bêtes. Elle est moins jolie ainsi, mais ses gestes ont tellement de délicatesse ! Et puis, cet habit sans grâce donne encore plus de grâce à ses bras nus. Patrick se laisse hypnotiser par le tatouage qu'elle porte sur l'épaule droite. Un cheval ailé, dont l'arrière-train disparaît dans un long nuage. Ces maudits bestiaux lui volent sa douceur. Il est jaloux et ne se cache pas à quel point il en est ridicule, mais il s'en fout. Il en est presque fier. Tout le monde n'a pas une femme aussi belle que la sienne, alors il peut se permettre d'être un peu con. Elle bichonne ses compagnons à sabots, longuement et avec plein de mots gentils. Ça l'agace, mais il finit par aller l'aider, non par sympathie envers ses rivaux, mais pour qu'elle soit plus vite à lui. Il le cache mal, et elle l'en plaisante gentiment.

Oui, il est jaloux. Non, il ne sait pas bouchonner un cheval et n'a aucune envie d'apprendre à le faire. À présent que les lumières de la salle se sont éteintes, le seul étalon dont elle doit se soucier, c'est lui.

Elle rit de le voir si impatient, et essaye de lui expliquer qu'elle a presque fini. Il se cabre, la pousse au sol et fait sauter les bretelles de son vêtement. Pour la forme, elle proteste un peu que l'endroit est mal choisi, mais elle se laisse extraire de la grosse toile rèche et ôter les sous-vêtements. La voilà nue, qui lui empoigne la chemise puis la ceinture pour les défaire. Elle n'aime pas qu'il lui fonce dessus encore vêtu, mais l'envie est trop forte. Il n'attend pas. D'ailleurs, il a déjà pu constater qu'elle ne déteste pas tant qu'elle le dit. Une fois de plus, elle essaye de le repousser en exigeant qu'il se déshabille. Une fois de plus, il parvient au but sans difficulté, et les petits bras bronzés lui serrent le cou à l'étrangler. Sa fougue et sa fierté sont abusives mais elle les adore et après l'avoir traité de sauvage, lui gazouille des « je t'aime ». Pourquoi se priver ? En vérité, elle ne déteste pas le voir excité à ce point. C'est sa timidité qui s'exprime. Elle est souris comme il est lion.

Va et vient sur et elle en elle, dévore ses épaules, son cou et sa bouche, la chevauche au grand galop, jusqu'à oublier sa jalousie. Jouit de la voir se pâmer. Exulte du bonheur qu'ils ont tous les deux. A quelques pas, un de ces foutus canassons les regarde comme s'il rigolait.

Assis en tailleur, Patrick se dit qu'il remettrait bien ça. Ici, y'a ces sales bêtes. Là où ils vont dormir, c'est un lieu bien-pensant et même pas aménagé pour qu'on puisse avoir de l'intimité. Il opte pour l'indiscrétion chevaline, et retire ce qu'il lui reste d'habits. Tanya le regarde faire sans rien dire. Elle le connaît. Elle décode qu'il veut passer la nuit sur place. Il la sent poser un baiser sur son épaule, puis un autre sur son cou. Il joue la statue. La laisse parcourir sa peau.

Ses doigts le picotent comme si l'énergie affluait. Il serre les poings. Quand elle fait ça, il a toujours la désagréable impression que son pouvoir se réveille. Cette saleté de don surnatu-chose. Cette crasse d'héritage de merde venue du fond des âges. Il n'en veut pas. Surtout pas. Cette saleté s'est endormie ? Bon débarras ! Et si elle disparaît à fond, tant mieux. Ce frémissement est une ombre glacée dans les bonheurs précieux qu'il partage avec Tanya. Cette foutue sensation est d'autant plus forte que le trouble amoureux monte rapidement. Pourtant, il aime qu'elle le sollicite ainsi.Dans ces moments où il reçoit, immobile ces marques qu'elle le désire, il brûle à faire fondre l'acier.

Est-ce qu'il va attendre qu'elle le tire vers le sol, ou est-ce qu'il va se jeter sur elle à nouveau ? Qui des deux ? L'orgueil de Patrick a besoin que ce soit elle. Son envie risque de manquer de patience. Tanya en a beaucoup plus que lui, infiniment plus, et elle ne manque pas non plus de doigté pour attiser son feu. Il en raffole autant qu'elle aime son ardeur un peu animale. Qui des deux ? C'est rarement elle. Elle parcourt ses épaules, son dos et son cou. Il essaye de rester impassible, mais sait que ce sera en vain. Le sent de plus en plus. Résiste encore, pour le plaisir orgueilleux d'être sollicité, mais ce n'est déjà plus « qui des deux » mais plutôt « dans combien de temps ». Ce sera lui. Dans une vingtaine ou une douzaine de baisers bien placés.

 

 

 

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RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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