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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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7 décembre 2020

1.29 > Les frères cravate

  Année du Buffle de Terre

2069

Roch.

L'an dernier, quand le Marionnettiste a été arrêté, tous ses lieutenants et pas mal d'hommes de main ont filé au trou avec lui. Après avoir bien foutu la merde et la pétoche partout, les autres ont constaté que s'ils ne se magnaient pas de prendre leurs parts, les petits débutants boufferaient tout.

Depuis, ça tire à tout va pratiquement tous les jours.

Gangsters, petits voyous, simples passants, tout le monde peut finir en cadavre n'importe quand.

Au milieu de cette pagaille, Alex-Pique fait figure de caïd qui monte et sur qui on peut miser. Au courant de tout se qui se passe, il bidouille de véritables miracles qui attirent l'admiration générale. Y'en a même qui racontent que derrière lui, bien planqué, y'a le Marionnettiste. Alors là : faux, archifaux. L'habileté du copain est solidement vissée à son goût pour les gadgets et à l'écran de poche qu'il balade partout. Roch ne connaît hélas pas les détails. Il cause trop, répond le géant quand il lui demande des explications. Vexant, mais pas faux.

Au moins, lui, il n'est pas toujours en retard. Le tatoué devrait être là depuis un quart d'heure. Roch suçote la paille de son verre vide, quand il remarque près de la porte deux types à lunettes noires. Les « frères cravate ». Des anciens employés du Marionnettiste. Un grand maigre et un petit gros. Aucune parenté entre eux, mais ils ne se quittent jamais et assortissent toujours leurs cravates. Aujourd'hui, du rouge vif, bien pétant. D'avoir aperçu ce vilain duo, Roch n'est pas tranquille. Et en plus ils ont vu que qu'il les a vus viennent droit sur lui.

– Ton copain se fait attendre ?

Pas rassuré, Roch ne dit rien. Évite quand même de laisser voir qu'il a peur. Mâchouille sa paille, content d'en avoir demandé une comestible. Avec une en fer, il n'aurait pas pu essayer d'avoir l'air relax, ou du moins pas comme ça.

– T'as la trouille, petit ? Faut pas... on veut juste lui proposer notre aide, à ton copain. À lui tout seul, il ira pas loin.

– Il n'est pas tout seul.

– Il y a toi ? Oui... il est tout seul.

– Non. C'est pire. Se trimballer un apprenti, c'est comme avoir un poids à chaque jambe.

La paire est désagréable au possible. Roch les regarde s'asseoir sans plus répondre.

– Bref... on veut causer à ton copain... Il devrait pas tarder. Hein, petit ?

– Ouais... sitôt qu'il aura envie de faire joujou, il rappliquera. Hein petit ?

– Il a du goût. T'es mignon dans ton genre. Pis à ce qu'on raconte, t'es méchant.

Ce genre d'insinuations, Roch les fait ravaler à coup de couteau, en général. Prudent, il se tait.

– Ouais... il aime les gens méchant. Nous, on préfère les gentils. Ceux qui font pas d'histoires.

Dans le genre antipathique, on fait pas pire, mais ils sortent cette horrible petite comédie grinçante à tous ceux qu'ils veulent effrayer. S'ils étaient venus le tuer, ils ne se donneraient pas tant de mal.

Quelques clients, depuis leurs tables, suivent avec attention ce spectacle gratos, qui finira peut-être avec du sang partout. A cette heure, la scène est vide, alors pour faire diversion, le patron du bar allume l'écran holographique. Il est pourrache, mais s'il présente un bon gros navet plein de fesses, tout le monde sera rivé à l'image. Il tente plusieurs chaînes sans en trouver, avant qu'un maigrouillard lui demande de mettre les infos. Des fois qu'on parle du procès du Marionnettiste.

– Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il aura envie de vous embaucher ?

– Oh ? Il croit qu'on vient pour se faire embaucher ? Ah non, petit. Faut pas se tromper.

Pas de Marionnettiste à la télé. L'holospeaker passe en mode flash-info pour annoncer qu'une cité océanique a été gravement endommagée par un ouragan. Le laboratoire d'étude biologique qui en est le centre vital est dirigé par l'une des demi-sœurs du défunt milliardaire Baudouin Matyald, et elle a refusé de quitter son poste à l'annonce du danger. La faune de la Baleine Bleue s'en tape complètement, mais comme le portrait de la célèbre scientifique est apparu sur l'image et qu'elle est plutôt canon malgré ses cinquante ans, quelques sifflements et murmures indiquent que la diversion a fonctionné. Le blabla du speaker ne s'étend pas sur les détails de la catastrophe, dont on ignore sans doute tout, mais annonce qu'un reportage tiré des archives sera diffusé dans une heure, pour évoquer les nombreux travaux du KEY autour des problèmes naturels. Craignant que ce sujet trop sérieux agace la clientèle bien vite, le patron tente un changement de chaîne, mais des voix s'élèvent pour réclamer qu'il laisse ça.

Les deux cravates ont écouté le flash-info, puis haussé les épaules en chœur à l'annonce du documentaire. L'un d'eux reprend la parole en se penchant vers Roch. L'autre se dresse bien haut en le toisant férocement.

– C'est nous les chefs, petit. S'il comprend ça, on s'entendra tous très bien.

– Y'a juste un problème : Alex n'obéit à personne et il est pas prêt de le faire.

Double éclat de rire.

– Il a pas toujours été comme ça... hein frangin ?

– Ah ça non, alors ! Y faisait moins le fier, y'a quinze ans !

A l'époque, Alex devait avoir douze ou treize ans. Ces salaud ont buté des gamins plus jeunes que ça. Le Marionnettiste, quand il se fâchait, filait une maison ou une rue en pâture à ses tueurs et basta. Les laissait faire à leur idée. Roch n'est pas une guimauve, mais il a envie de vomir.

– Des pointures comme vous, le mioche qu'Alex était y'a quinze ans, ça devait rudement vous effrayer.

Bien visé. Ils se taisent.

– Aujourd'hui, c'est le mec le plus terrifique de toute la ville, alors c'est vous qui allez vous aligner. Il rampera pas devant vous.

Un silence menaçant survole la table. Roch n'est pas du genre trouillard. Plutôt celui à attaquer le premier. N'empêche qu'il n'en mène pas large. Ces deux cravates identiques, c'est comme un arrêt de mort. Une silhouette massive derrière la banquette où les deux tueurs sont assis le rassure soudain. Les deux mecs n'ont pas vu Alex approcher. Et Roch non plus. Il vient d'entrer dans la Baleine Bleue ? Ou bien il se cachait dans un coin d'ombre ? Il aime écouter et observer, le copain.

– En effet... j'ai jamais aimé me traîner à terre. J'suis trop grand pour m'y mettre.

Le grand maigre reste figé. Le petit gros se remet assez vite, mais bafouille sa surprise. Sans quitter toutefois leur style bizarre. A force, ça doit leur coller à la peau, cette comédie de clowns sanglants qu'ils jouent sans cesse.

– Ah... beuh... t'é... t'é... t'étais là ? F... faut p... faut pas te faire de fausses idées ! On est... on est pas v... venus méchamment. Hein frangin ?

Bien que franchement étonné de voir les champions de la gâchette paniquer, Roch reste immobile. Fait comme si tout était normal. Se paye un petit sourire moqueur, même.

– Ta gueule, Bouboule. Tu vises mieux que ton pote, mais la cervelle, c'est lui, alors c'est à lui que je cause. L'idée c'est quoi ? On s'associe 50% ? Je vois aucune raison pour ça. Tu m'embauches ? J'ai aucune envie. Vous avez rien à apporter dans l'affaire.

– On a notre petite affaire de nettoyage. On fait aussi dans la récupération.

Roch trouve assez cavalier de renvoyer comme ça les meilleurs tueurs du coin, mais les sourcils froncés entre l'as de Pique et les lunettes noires d'Alex sont de mauvais augure pour les négociations. Il ne commente pas et laisse le pote discuter.

– Suis pas intéressé.

– T'as tort. Comment tu veux que ton affaire prenne de l'ampleur, sans des gars comme nous pour s'occuper des problèmes de finances délicates et des bavards ?

– Les bavards, mon associé et moi on s'en occupe personnellement. Les finances, j'ai d'autres méthodes. Alors c'est non. Je bosse pas pour vous et on s'associe pas. En admettant que je vous embauche un jour, faudra suivre mes indications, et ça voudra déjà dire arrêter de rouler des épaules et du bagout pour faire flipper tout le quartier. Qu'est-ce que t'en dis, Roch ?

C'est le moment de cabotiner. Le jeune homme se recoiffe avec les doigts et sourit comme une pub.

– Toutes les filles du quartier veulent que je leur montre mon laser. J'aime bien faire peur un peu, mais faut pas abuser dessus, sinon j'aurai plus aucun succès.

– Pigé, les siamois ? Ça rentre, Bouboule ? OK, le Maigre ?

– Te prends pas pour le chef, Alex. T'es qu'un petit merdeux.

– Dont tu as assez peur pour venir t'assurer qu'il ne te fera pas concurrence. L'ennui, Le Maigre, c'est que moi, tu m'inquiètes assez pour que je refuse d'être ton associé, mais pas encore assez pour que je bosse pour toi. La concurrence me fait pas peur, mais je t'interdis d'effrayer la clientèle.

– Petit péteux ! Tu te prends pour le chef ? Tu crois que t'y ressembles, au Marionnettiste ?

Alex se fige un instant. Roch a l'impression que le Maigre lui a dit un truc qui passe mal, mais il ne voit vraiment pas ce que ça peut être.

– Non. Et la preuve c'est que j'engage pas des clowns. Je veux des gens discrets. Alors si vous avez fini votre cirque, dégagez. J'ai assez de tireurs. Et surtout, essayez pas de déclencher une guerre. Elle serait finie avant ce soir.

Au nom de « clown », Bouboule a fait un bond. L'injure ne lui a pas plu. Le Maigre le tire par l'épaule en lui montrant qu'Alex a une main sur son coutelas. Roch admire silencieusement. Il a super la classe, le copain. Les deux hommes s'éloignant, une serveuse vient apporter des verres.

– De la part du patron.

Elle minaude à l'attention d'Alex. Roch la trouve moche. Pas assez de nichons et des cheveux très courts teints en vert fluo. Le géant lui caresse la croupe mais la renvoie à son service en demandant si la connexion internet n'est pas surchargée. Il goûte son verre en la suivant des yeux, puis déroule son écran et tapote pour afficher l'état des ventes en diagramme. Roch sifflote d'admiration.

– On va pouvoir acheter tout le quartier !

– On peut louer une chambre pas en ruine. Pis j'ai envie d'un nouveau blouson. Neuf et de bonne qualité. Marre des fringues d'occasion. Et toi aussi, t'en changes. Ton truc, il est trop fragile.

Le jeune homme a envie de râler, mais le doigt du copain se pointe vers Alicia, qui vient d'entrer. Après tout, pourquoi pas ? Et il prendra un casque assorti. Et des bottes.

crabe-blanc-nez--2--s

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Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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