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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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22 mars 2021

2.4 > Cheveux roux et casque noir

  Tigre de Métal

5 juin 2070

 Alex-Pique.

Les uniformes brun foncé avec des renforts blancs et noirs ont envahi le quartier. Blindés contre les lasers et marqués des lettres SU entourant un blason, ils effrayent tout le monde, dans ces ruelles de merde. Pour à vrai dire pas grand-chose, car si on les fait venir, c'est que la peur, elle est déjà bien présente. Les gens honnêtes, il y en a, dans ce trou à rats... Mais ils n'osent lever la tête ni devant les flics ni devant les voyous. Alex est prêt à parier que c'est pas un quelqu'un de « bien » qui a donné l'info, mais un loubard. Un type qui ne vaut pas mieux que lui. Un concurrent, peut-être. Ou bien un jaloux. Ou juste un pauvre type content d'obtenir un peu de fric en échange.

Clignotant comme des robots, avec leur tenues surchargées d'électronique, ils sont partout. Ils grouillent et bloquent toutes les directions. Alex respire lentement et essaye de se faire tout petit pour réussir à se dissimuler sous une plaque métallique appuyée sur un tas de gravats.

Il devrait avant tout se soucier de rejoindre Roch pour lui dire que la planque n°3 est découverte. C'est la priorité logique... mais bien qu'en général Alex soit le plus froid et rationnel des deux, il n'a pas envie d'être logique pour le moment.

A deux pas de lui, une demi-douzaine de flics en tenue renforcée inspectent la ruelle. Ce serait banal si la silhouette de l'un d'entre eux ne le fascinait pas tant. Il l'a souvent croisée et contemplée, cette fille en armure sombre. Il connaît ses mensurations tellement bien qu'il pourrait lui acheter des sous-vêtements. Sa façon de braquer son pistolaser le fait bander. Le petit geste qu'elle a pour tapoter son casque quand la radio a des ratés le fait défaillir. Des mouvements à la fois fermes et gracieux, où il ne se devine pas un microgramme de faiblesse. Si en plus elle a des cheveux courts, alors c'est sûr, il tombe amoureux. Il déteste les filles avec des cheveux longs. Il n'aime pas non plus celles avec une forte poitrine. Celle-là a été plutôt médiocrement dotée par la nature de ce côté-là, quoique pas tout à fait oubliée. Ses hanches n'en sont que mieux mises en valeur.

Et sa voix ! Caché derrière un morceau de tôle, il l'écoute faire son rapport au Central. Cette voix... cette voix... cette voix, elle a demandé des renforts. Merde... déjà qu'il était encerclé. Il va se retrouver coincé tout à fait.

Malgré la proximité de la splendeur en tenue renforcée, la perspective n'est absolument pas réjouissante. Le soleil de juin est à son zénith et chauffe aussi bien la tôle que les pestilences de la ruelle. Sans compter le danger évident que représentent la vénus et ses collègues.

Quatre des silhouettes sombres s'éloignent pour inspecter plus loin. La fille de rêve reste là, avec un autre. Un homme. Un grand baraqué. Ils ont l'air de bien s'entendre. C'est peut-être son amoureux. Non... ils plaisantent comme des copains, pas comme des amoureux. Là, sur ce sujet précis et juste pour un petit moment, Alex a de la chance. Elle est tout près. A deux mètres à peine. Elle lui tourne le dos. Son uniforme la moule comme une statue vivante. À quatre pattes, il sort la tête de sous la tôle. Histoire de mieux voir. Sérieux, qu'elle est belle !

Ça fait bien deux ou trois ans qu'il l'a remarquée, cette fille, mais il n'avait jamais eu l'occasion de l'admirer aussi longtemps d'aussi près. Il se replanque. Laisse la chaleur lui faire dériver un peu la cervelle. Une main pour s'appuyer par terre quand il se penche, l'autre sur le pantalon, il s'autorise le luxe du fantasme. C'est plus agréable que de flipper à mort en crevant de chaud. Se démonte les cervicales pour lorgner. Se fait plaisir. S'envoûte avec les jolis mouvement et la belle voix énergique. Remplit ses neurones jusqu'à explosion. Cette fille vaut au moins trois doses de Kerag. Sa caboche divagante lui repasse en boucle un air qu'il l'a entendue chantonner le mois dernier, alors qu'elle patrouillait pas très loin d'ici. Du classique. Près de l'usine électrique, y'a une salle de danse où on utilise ces trucs-là. A force que cet air lui trotte dans la tête, il est allé s'y inscrire la semaine dernière. Sourit tout seul, en imaginant la fliquette en train de valser avec lui. Comment est-elle, sous son casque ?

Elle va et vient. Passe une paire de fois juste devant lui. Si près qu'il aurait pu la toucher. Elle a un cul et une démarche de déesse. Dans un jeu vidéo, elle serait reine guerrière.

C'est pas tout, ça... mais il est toujours bloqué dans cette ruelle, sous cette tôle. C'est même un miracle qu'on ne l'ait pas encore trouvé. Un ronflement lui annonce qu'un véhicule de transport de troupes vient de se poser tout près. Les silhouettes sombres et sans visage deviennent encore plus nombreuses. Il se fait tout petit sous son bout de ferraille. Heureusement que la ruelle pue. Ça ne leur donne pas envie d'être très regardants sur les déchets qui s'y alignent le long des murs.

Alex se sait dingo, mais y pose des limites, et là, elles sont clairement dépassées. A la première parcelle d'occasion même pas excellente, il s'esquive. Comme le gros boyau est trop surveillé, il essaye de gagner les toits.

Et là, au troisième étage, retombe sur la beauté fatale. Qui lui saute dessus. Un autre flic, il aurait réagi à temps. Elle, il n'a pas eu le réflexe. Une fois qu'elle le tient, il en a encore moins. Elle lui a déjà passé une menotte quand il essaye enfin de lui échapper. Les voilà qui roulent à terre sur la plate-forme de l'escalier. Il est plus fort qu'elle, et de très loin. Meilleur lutteur, peut-être. En tous cas, il ne lui faut que quelques instants pour la maîtriser.

La logique serait alors qu'il privilégie sa fuite et ne s'attarde pas. Il peut pas. Trop content de lui serrer les jambes entre les siennes et de lui bloquer les bras dans le dos en l'écrasant de tout son poids. Beaucoup trop. Aucune envie de bouger.

La logique serait qu'il lui colle un gnon pour l'estourbir afin qu'elle ne signale pas où il se trouve. Pas envie. Absolument pas. Instant fabuleux. Les efforts de la fille pour l'arracher d'elle, offrent à l'éternel insatisfait qu'il est la plus belle jouissance de sa vie.

La logique serait qu'il se serve d'elle comme otage pour fuir vite fait, mais il a envie de son visage, et de ses cheveux encore plus. La plaquant solidement, il détache le casque et l'ôte avidement. Pressé de s'emparer de l'image planquée derrière la visière brillante. Une bouille ronde toute en porcelaine. Des taches de rousseur plein partout. Des bouclettes orange et ébouriffées. Alex laisse tomber sa mâchoire.

Elle est craquante comme une allumette. Appétissante comme un délire. Il s'embrase d'un coup et l'embrasse aussi sec. Égare ses mains sur la combinaison renforcée. Ne lui lâche plus les lèvres. S'acharne sur le machin sombre qui lui colle au corps. Il n'avait jamais imaginé que les éléments de ce truc puissé être aussi solidement liés. Réussit quand même à détacher celui couvrant les hanches de celui couvrant la cuisse droite. Fête sa victoire en redoublant ses baisers et profite d'un cri qu'elle tente de pousser pour lui entrer dans la bouche. Sent des dents nerveuses sur sa langue. Sous lui, elle se débat plus qu'elle ne se bat. Elle panique et s'agite sans aucun profit. Du moins pour elle. Alex bande comme un diable et cherche la fixation reliant les deux jambes. La trouve. Klik-klak-klok, victoire. Lâche un petit rugissement et empoigne le tissu. Crac. La toison de feu est à lui. Elle s'agite de plus belle. Hurle. Il s'en fout. Le démon qu'il est ne s'arrêtera pas pour si peu. Ses doigts s'émerveillent sans retenue.

Un bruit dans le bâtiment lui rappelle que la situation est périlleuse et que s'amuser comme il le fait est suicidaire. Lèche une dernière fois la cavité bucale de la fille. Qu'elle est belle... qu'elle est belle... un réflexe de survie le rappelle à la réalité. Il se relève brutalement. Trop en danger pour s'autoriser à avoir peur. Urgence, donc instinct. Bondit dans l'escalier. Derrière lui, elle crie de s'arrêter. Des tirs lasers brillent tout près de lui. Brûlent son blouson et sa chair. Sans prendre le temps de vaciller, il court vers les toits. On y parque des motos. S'il a de la chance, il arrivera à en voler une. Quant aux menottes qu'il emporte avec lui, il faudra qu'il s'en débarrasse rapidement. Elles sont équipées d'un système de repérage qui a été activé aussitôt que le bracelet s'est refermé.

Quand il contacte par visiophone Roch qui l'attendait à la Baleine Bleue, celui-ci lui sonne les cloches bien entendu. Il a raison. On a pas idée de se laisser prendre aussi bêtement.

En fait, le copain est surtout ennuyé d'avoir perdu la planque n°3. La planque n°5 semble grillée elle aussi. Info à vérifier, mais il grogne que ça fait un tiers des marchandises perdues. C'est Alex qui gère les stocks. Roch ne sait pas où sont les caisses vides et où sont les pleines. La n°5 était presque vide. Donc, à peine plus d'un sixième, en fait. Les cheveux roux lui dansent dans les yeux.

Il a trouvé refuge dans un secteur épargné par les patrouilles parce que dénué du moindre lieu de stockage potentiel. Chez un marabout bas de gamme, petit escroc à potions foireuses mais superbe acteur dans les prophéties qu'il débite derrière une boule de cristal fêlée. Ce mec doit des sous à Alex et ne fait aucune difficulté pour le cacher jusqu'à ce Roch vienne le chercher.

Les blousons de moto sont faits dans le même matériau que les combinaisons antilaser. Ils sont moins solides, mais ça protège quand même un peu. Saleté d'unité SU... autant dire qu'ils ont permis de tuer ! Crénom de nom... qu'elle est belle, cette fille...

– T'as quand même un sacré trou au côté et l'épaule amochée. Pour un peu, t'y laissais ton bras. Déjà bien que t'as réussi à déconnecter les menottes.

Roch récrimine sans discontinuer. Assis sur son lit, Alex ne dit rien. Quand on est associés, si un des deux se fait tuer ou arrêter, tout se casse la gueule. Roch s'énerve, gueule, accuse les SU d'être des tueurs autorisés. Faut être juste... l'unité SU emploie des lasers face à d'autres lasers. Pas d'accord avec le copain, Alex soupèse le sien. Le regarde. Ne dit rien. Pense à la rouquine. À ces hanches larges, rondes et appétissantes qui savent joliment bien bouger. À ces taches de rousseur auréolées d'un brasier coupé court. À l'uniforme marron et rutilant collé au noir usé de son blouson. À ce qu'il a fait, aussi, qui lui ressemble si peu. Même dans ses pires moments, il a toujours su rester civilisé. Ce qu'il vient de faire ne l'était pas du tout. Le pire, c'est qu'il n'en a aucun regret.

À travers le mur, la radio de la vieille voisine décrépie claironne un air que la rouquine fredonne parfois quand elle s'assied pour marquer une pause. Fin du morceau. Le présentateur explique que la grande Leona Viters, qui conduisait l'orchestre, a rencontré Baudouin Matyald un soir où elle venait de diriger ce concerto de Vivaldi. Dérive un instant sur le célébrissime couple, puis revient à la musique par leur fille qui s'intéresse de près à un groupe de jeunes musiciens qui seront reçus demain dans une autre émission.

Alex ne se sent pas lui-même. Il lui est arrivé de trancher le cou à des gros durs se conduisant comme il vient de faire, mais n'arrive pas à s'auto-cracher à la figure. Est-ce que c'est ça, devenir barjo ? Le Losange est peuplé de mabouls et de zombies. Aucun cerveau en état de marche dans cette grosse poubelle. Il est juste en train de faire un level-up sur l'échelle de la folie.

– T'aurais pas de la fièvre ?

Roch tend un verre d'eau. L'air sincèrement inquiet. Pas son genre d'être attentif aux autres. Propose d'aller chercher un guérisseur. Le gros Tommy, par exemple, qui leur doit du fric depuis trois mois. Au passage, grogne qu'Alex fait trop facilement crédit aux pseudo-mages qui pullulent dans le Losange. Remet une couche sur les caisses perdues puis suggère les services d'une sorcière qui habite l'immeuble voisin. Faute de réponse, prépare du kerag en hésitant sur la dose. Alex se dit qu'il doit avoir une mine vraiment dégueu. Sait pas. Répond pas. Se sent bizarrement bien. Trop bien. Y'a que les morts qui oublient d'avoir mal. Se laisse soulever de la chaise et guider jusqu'au lit le plus proche. S'écroule de ses cent dix kilos à la fois.

Emmène sous ses paupières la fille rousse.

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Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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