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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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7 juin 2021

2.11 >>> L'instant où tout s'arrête

  Tigre de Métal

10 octobre 2070

Roberto.

 

 

Avant de sortir, le baraqué a traîné ses lèvres sur la nuque d'une fille à la poitrine bardée de shurikens et aux hanches ceinturées de cartouches d'énergie pour le laser fixé à sa cuisse droite. Une brune avec des cheveux hypercourts. Plutôt jolie, si on aime ce style-là. Avec un long cou fin, un visage ovale au menton très pointu, des cils démesurés et une taille de guêpe. En passant près du bar, il avait caressé les fesses à une pute au masculin. Quand il s'est levé de la table où lui et son associé ont pour ainsi dire leur QG, c'est lui qui s'est fait tripoter. Par une des danseuses du spectacle. Une nouvelle. La pauvre, elle avait l'air tellement sûre que son physique hallucinant allait faire d'elle la meuf d'Alex-Pique ! Elle aurait mieux fait de laisser ses collègues lui expliquer qu'il n'aime pas les superbombes à lèvres pulpeuses et sanglantes de rouge à lèvres.

Roberto a contemplé le spectacle avec amusement.

Elle était pot de glu, cette pouffiasse. Il a eu du mal à s'en défaire. Un éclat de rire général dans le bar, ça a provoqué. La malheureuse n'a sûrement pas compris ce qu'il y avait de drôle. Alex était un peu désarçonné, mais il a réussi à l'envoyer paître presque gentiment. Elle y aura au moins gagné un pseudojus au parfum de son choix, la pauvre esseulée.

C'était une journée presque comme les autres.

Roch est peut-être le seul à n'avoir pas ri pendant que son pote se désengluait des bras de sa prétendante. Les disputes entre eux, y'en a de plus en plus souvent. Ils venaient d'en avoir une, et qui avait l'air joliment coriace. Cela ne veut rien dire. Ils sont copains et ils sont associés. Des fois, il faut vider les poubelles, sinon ça se met à puer. Alors ils les vident, et après ça va mieux.

Roberto se lève et va jusqu'au bar réclamer un autre café, puis revient à sa table en évitant de croiser le regard du freluquet hargneux.

Une journée presque comme les autres, sauf qu'elle était bien partie pour que l'ambiance se plombe.

Avec le caractère de cochon de Roch, vaut mieux les vider souvent, les poubelles. Il a tendance à se prendre pour le roi, ce petit con, alors qu'il ne pourrait strictement rien faire sans Alex, ses muscles effrayants et son cerveau de génie. Même buter un mec, il sait à peine. Il préfère les torturer, ce petit vicieux. Paraît que cet été, leurs porteflingues ont pincé des types en train de raconter aux flics l'emplacement d'un des entrepôts. Alex était hors-circuit, alors c'est Roch qui a tout géré. À ce qu'on raconte, il les a fait beugler de douleur pendant toute une journée. Ce sadique à gueule d'ange, ça lui suffisait pas qu'ils aient parlé. Fallait que plus personne n'ose les imiter, il a dit. Alex ne croit pas à ces méthodes-là. On les trahira encore, et y'a rien à faire pour éviter, qu'il dit. Quand tout le monde crève de misère, il ne faut pas grand-chose pour acheter quelqu'un. Il faut encore moins quand les gens ont peur de lui et le détestent.

Alex-Pique ne se planquera jamais là où on ne peut ni le voir ni l'atteindre. Il l'a crié bien haut et bien fort, en demandant qu'on le répète partout. Il a aussi balancé son poing dans la gueule du freluquet, un jour où il a fait mine de recommencer. Il a pas un mauvais fond, ce petit. Il ne veut pas que le quartier reste englué de violence et de désespoir. Son pote dit que c'est là-dessus qu'ils vendent le mieux. Lui prétend que ça attire les flics et fait pousser les indics comme des champignons. Le petit chieur veut fourguer autant de came que possible en engageant tout ce qu'il peut trouver de revendeurs. Le baraqué pense qu'on ne peut pas traire une vache deux fois, et compte bien s'étendre hors du quartier, en s'incrustant le plus possible là où les clients ont de l'argent à dépenser. Là où les gens se la coulent douce et où les substances illicites se répandent silencieusement. Il est malin. C'est pour ça que ses rivaux autant que ses admirateurs l'appellent « As » au lieu d'Alex. As de Pique.

Pour ça que même les petits vieux sans histoire misent sur lui plutôt que sur la police. Et les commerçants. Et les mamans. Et même le chien de la femme à Roberto, qui s'est fait donner hier des papouilles par le géant. Un As, y faut que ça serve.

Aujourd'hui, c'était une journée plutôt calme.

Valait mieux, d'ailleurs, avec les SU qui traînent dans le coin depuis une semaine. Patrouilles de routine. Rien d'alarmant. Faisait plutôt beau, aussi.

Une journée d'automne assez ordinaire et plutôt agréable.

Roberto a regardé le grand Alex passer la porte, en philosophant que même les criminels ont leur rôle à jouer, dans la jungle des villes. L'homme fort qu'il est en train de devenir commence à apaiser les bastons. Les rues ne sont pas sûres, loin de là, mais on peut à nouveau sortir de chez soi sans être certain de croiser des lasers dégainés.

Le coutelas du géant impose une loi sans appel. Quiconque fait mine de lui faire concurrence finit égorgé. Les porte-flingue qui font du zèle également. Certains se demandent pourquoi il ne met pas Roch sur sa liste. La réponse est simple : Alex est loyal et fidèle en amitié.

Sur quelle surface s'étend le territoire de ce grand méchant loup ? Roberto a mâchouillé doucement l'idée paisible qu'il se trouve en plein milieu, juste à côté de la tanière, là où le monstre veut que tout soit tranquille. Ailleurs, on doit se battre plus souvent et plus férocement.

La fille aux shurikens a suivi son chef des yeux, à travers la vitrine.

Elle a froncé les sourcils, puis est sortie à son tour.

Roch venait de s'engouffrer dans le réduit qui sert de coulisses.

Roberto a senti qu'il se passait quelque chose. Il s'est mis à trembler.

Crac... la tasse.

Goutte à goutte, un liquide noir et silencieux a coulé du bord de la table sur son pantalon.

Peut-être pas une si belle journée que ça, finalement.

La fille est rentrée en claquant la porte.

Elle a couru droit vers la table d'Alex et Roch, et l'a trouvée vide.

Quelqu'un l'a renseignée. Elle a foncé déranger le chien féroce dans ses embrassades avec la chanteuse blonde.

Tout s'arrête, dans le bar. D'un seul coup, plus un tintement de verre. Plus un rire. Plus un rictus. Plus une injure. Plus un murmure. Les autres doivent avoir l'impression d'être tous devenus sourds. Toutes les bouches restent ouvertes. Roberto baisse la tête pour ne pas voir toutes ces lèvres qui ne crient pas.

Tout le monde se tourne vers la vitrine. Plein de regards figés d'angoisse.

Certains se lèvent pour mieux voir. Quelques godasses frappent rudement le sol, pour briser un peu ce silence mortel, ou pour le souligner.

Roberto reste assis. Tête baissée sur son café renversé.

Les sales nouvelles, on a pas besoin de les connaître d'avance.

Le chien hargneux traverse la salle, d'un pas nerveux, sa copine sur les talons. Il observe un instant par la vitre, mais juste un instant. Tout est déjà fini. Avec un juron, il crache au patron de lui servir un truc très fort et prêter un écran, avec liaison internet. La blonde chiale, mais essaye quand même de le calmer. Elle prend une baffe.

Bobby entre en courant. Pour une fois, ce n'est pas sa grand-mère qui l'envoie. Il était dehors. Il a tout vu. Le petit dur tremble comme un gamin terrorisé. Tout juste s'il ne pleure pas.

Le bar est sorti de pétrification. Ça discute de plus en plus fort. Dans un quart d'heure, ça va être l'enfer. Le feuilleton est passionnant. Ouais. Mais foutrement flippant. Le patron tente une diversion en allumant l'écran holographique. Pas de pot. Il a mis une chaîne où c'est l'heure des infos. Quoique si. On a du pot. Ça cause pas d'insécurité, mais de météosphères, voitures volantes et magnétovoies. On voit souvent la gueule d'Olivier Matyald en ce moment. Tant qu'on la voit pour ce genre de choses, y'a pas à se plaindre.

Tête dans les mains, le mioche essaye de raconter, mais n'arrive qu'à pleurnicher des bégaiements. Quatorze ans, une lame de vingt-cinq centimètres collée à la cuisse, des bracelets cloutés comme des hérissons, mais tout d'un coup il a l'air d'un bébé qui a perdu sa mère. Roberto hésite à lui commander un verre, mais décide de rentrer.

En demandant au patron la permission d'employer la porte de derrière, celle près de la cuisine.

 

 

 

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Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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