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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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21 juin 2021

2.12 >>> L'Amour, ça fait mal

 

  Tigre de Métal

10 octobre 2070

 Alex-Pique.

 

 

 

 

L'explication avec Roch devait avoir lieu un jour ou l'autre...

En sortant de la Baleine Bleue, Alex aperçoit trois uniformes sombres qui patrouillent.

L'un d'entre eux... celui de gauche... c'est la rouquine...

Il se fige. Pétrifié dans un rêve indescriptible où elle lui met les menottes et le chevauche toute nue. À quoi elle ressemble, sans sa combinaison, d'ailleurs ? Il n'a vu d'elle que son visage.

Elle aussi, elle l'a vu. Et elle l'a reconnu. Un cri résonne dans la rue. Un ordre de lever les bras. Les trois policiers ont braqué leurs lasers d'un même mouvement. Alex a un premier mouvement pour fuir, mais il s'arrête. Il est trop près pour espérer une protection optimale de son blouson contre les tirs laser. Il n'y a aucun repli permettant d'établir de la distance. Guère de cachette possible sans mettre plusieurs passants en danger.

Sa moto n'est pas loin, et offre peut-être une chance de fuir, sûrement blessé à nouveau. Sauf qu'un quatuor de mioches s'amuse autour du véhicule, l'un d'entre eux est même monté dessus. Le fan-club de l'As de Pique. Le plus âgé de la bande doit avoir dix ou onze ans. Le plus petit cinq ou six. À distance un peu plus respectueuse, des gamins de quatorze ou quinze ans, dont les habits indiquent qu'ils appartiennent à la catégorie des petits chanceux possédant des parents. Et d'autres, dénoncés par leur tronche de petits durs comme des coyotes espérant devenir des hyènes. Pas question d'aller dans cette direction. Même si la rouquine ne tire pas, il y aura sûrement un de ses collègues pour le faire. Et surtout, Alex ne se fera jamais un bouclier humain avec des enfants.

Son fantasme va se réaliser. Au moins pour une moitié.

En revenant en arrière, dans la Baleine Bleue, il aurait une chance aussi. Le risque d'une panique générale est trop grand. Sans compter celui de baston pouvant virer au massacre ou celui plus modeste d'arrestations en bloc. Si Roch se fait prendre, il sera coincé pour de bon.

L'inconvénient, à être connu, c'est qu'il devient dur de se cacher.

Alex-Pique et son tatouage sont une figure montante. Même si la rouquine ne raconte pas qu'il l'a agressée, il est dans la merde. Les flics savent qu'il n'est pas seulement un simple revendeur ou un vulgaire porte-flingue. Il va falloir jouer serré...

Pourvu que Roch se souvienne de ce qu'il doit faire !

Analyse de situation simple et limpide : Alex est bloqué. Il ne peut que se régaler les yeux sur la divine silhouette de la guerrière en armure. Et attendre la suite.

C'est un peu con de se faire coincer comme ça, sur son propre territoire, en sortant d'un bar, par des flics même venus là pour ça, pas planquer pour l'attendre, juste en patrouille. Sur une magnétogare d'un autre secteur urbain, ça aurait été plus normal. Avec ce signe au milieu du front, il n'est pas discret, et quand il sort du Losange, il est plus vulnérable.

Ailleurs, il n'aurait pas eu affaire aux SU et donc pas à la rouquine.

Yeux rivés sur le pistolaser au voyant de chauffe allumé, il bande comme un imbécile heureux. Crénom de nom... cette allure... ce petit pied en avant, légèrement tourné sur le côté... ce léger déhanché qui relève la poche de rangement des cartouches d'énergie... ce casque bien droit...

Vas-y ma belle, viens mettre le fauve en cage.

Pas de chance. Ce n'est pas la rouquine qui s'approche avec les menottes. C'est son copain le baraqué. Se regardant lui-même dans la vitre noirâtre, Alex s'autorise une audace.

– Est-ce que votre collègue peut le faire ? J'aimerais mieux.

Le gars a l'air surpris. Ce n'est sans doute pas souvent qu'un dealer demande à choisir qui lui passera les menottes. Surtout que dans leurs tenues renforcées, ils se ressemblent tous.

– Lequel des deux ?

– La jolie rousse.

Le gars hausse les épaules et range ses menottes. Un petit rire s'échappe du casque.

– Sarah... je crois que t'as fait une touche. Tu te charges de lui ?

– Avec plaisir !

La serrure électronique a été réglée serrée. Trop pour les poignets d'Alex, qui grimace de douleur. La fille le pousse sans ménagement. Elle entre avec lui dans le véhicule.

– Je t'aime.

Depuis qu'il y a des bipèdes sur Terre, on a vu ces mots déclencher des réactions plus douces. Sous le casque presque noir, un hurlement strident et prolongé retentit. Les voyants lumineux qui parsèment le système de renfort musculaire se mettent à clignoter de partout. Un poing s'écrase sur la barbe d'Alex, qui tente maladroitement de ne pas tomber. Un pied bien lancé vise son genou. Avant même qu'il ait touché le sol, un autre a enchaîné sur son dos. Pris d'une terreur qu'il ne connaissait plus depuis qu'il a quitté l'enfance et que son corps de monstre lui offre le luxe d'être celui qui effraye et non celui qui tremble, il se recroqueville. Elle s'acharne. Crénom de nom... Qu'elle est belle ! Dommage qu'il n'ait aucune chance.

Les deux autres SU arrivent pile à temps pour lui éviter de se faire démolir.

– Qu'est-ce qui t'arrive, Sarah ? Tu perds la boule ? Terry est contagieux ou quoi ?

– Au début de l'été... c'est ce salaud qui m'a attaquée... celui qui m'a...

Quelque part entre fascination et douleur, Alex se planque derrière les jambes du baraqué. La rouquine retire son casque et le jette par terre. Pas de doute, c'est bien elle. Il navigue entre rêve et effroi. Elle pleure. Ses renforts musculaires continuent de clignoter de partout. Le gars la tient par les épaules. L'empêche de frapper encore.

– J'vais le buter, ce dégueu ! Lâche-moi ! J'vais le mettre en pièces !

– Il en vaut pas la peine, Sarah ! Arrête ! Tu vas t'attirer tes ennuis !

Alex se sent un peu con, costaud comme il est, de chercher refuge derrière un autre costaud, mais la fille a l'air tellement furax. Et puis, le gars semble vouloir lui offrir une barrière. Solidarité entre mecs grands et musclés, peut-être. Ou bien il a réellement très peur qu'elle foute sa carrière en l'air. Pourtant, à coup sûr, aucun de leurs collègues ne la dénoncerait. Ils ont sûrement tous envie de massacrer du gangster.

En même temps, elle a pas tort. Et puis, c'est une histoire entre eux deux, et personne n'a rien à y voir. Il rampe pour se découvrir. Presque impatient, il offre son buste bien en face à la furie au visage de porcelaine. Elle saisit l'occasion en rugissant. S'arrachant à son pote, elle remet de bon cœur une tournée. Le corps gigantesque du tatoué hurle sa douleur de partout. Son cœur est chauffé à blanc. Profitant d'un moment où la splendeur féroce reprend son souffle, il se redresse et embrasse une des chevilles de l'armure. Comme le pauvre dément qu'il est, il s'agrippe à coups de « je t'aime » pour répéter l'exploit façon mitrailleuse et remonter jusqu'aux hanches. Les mains liées se cramponnent à la ceinture alourdie de cartouches laser. Un poing percute la boite crânienne en surchauffe. La déesse le jette au sol avec un cri écœuré. Un autre choc. Tête aussi.

– Sarah ! Ta combinaison est réglée au maximum ! Tu vas le tuer !

La douleur s'estompe à force d'intensité. Un nuage tourne autour des tempes d'Alex, qui ne sait plus très bien où est le plancher, ni ce qu'est ce liquide chaud qui lui coule sur la figure. Les rêves fantasmés qu'il a déjà tellement faits tentent encore de lui revenir. Cette fille, c'est un volcan.

Aucun doute. Il est amoureux. Diablement et irrémédiablement amoureux. Il s'abandonne heureux aux coups de la divine et gémit en boucle la phrase interdite, comme une invocation.

Il a dû s'évanouir, parce qu'il se réveille attaché sur une civière au milieu du véhicule. Ses armes et son blouson lui ont été retirés. Est-ce qu'il a un T-shirt propre, au moins ? Le baraqué est tout près de lui. Il n'a pas retiré son casque. La fille est assise sur le côté. Morne. Presque prostrée.

– Hé, la rousse ! Ton galant se réveille. C'est pas fragile les salauds. Fallait pas avoir peur.

– Fiche-lui la paix.

Question venue du troisième policier, un gros bide sous son armure. Réponse du baraqué.

– Si tu les accueilles comme ça, je comprends pourquoi t'en as pas souvent, hein ?

Rigole de sa blague en se tapant sur le ventre.

– En même temps, si j'étais bandit et que j'avais une occasion de déshabiller une femme policière, j'me priverais pas ! Si celui-là a pas profité de l'occase, la rousse, c'est que tu devais pas le faire bander assez fort ! Mais tu dois avoir l'habitude, toi qu'avec ta face d'avoir dormi sous une passoire, tu te fais toujours larguer au troisième rendez-vous ?

– TAAAA GUEUUUUUULEEE !

La rage et le mépris d'Alex s'incrustent dans le miroir des visières. Un silence stupéfait suit le hurlement. Le fou a brisé une sangle, mais la souffrance lui coupe souffle et élan.

– J'aurais les mains libres, je te couperais le cou, Ducon ! T'es pire que moi, ordure !

– Détache ça, Peter... Sarah lui a pas assez bien cassé la gueule. J'vais le finir, ce chien !

Silence prolongé. Le costaud rattache le prisonnier blessé, qui cligne de la conscience encore plus que des yeux et suçote un prénom rose et sucré. La rousse lui crie de se taire. Le gros con ricane des grossièretés. La déesse se met à pleurer nerveusement. Le géant passe en mode autodestruction. Il est la brute qui, dans ses cauchemars, la jette à terre pour la violenter. L'As de Pique se laisse happer par un trou noir. Loin d'elle. Très loin. Derrière la paupière qu'on lui soulève, il n'y a que des fantômes. Ou bien c'est lui qui en est un. Qu'on lui fiche la paix. Une ombre appuie sur son thorax. Lui parle. Appuie encore. Qu'on le laisse crever. Un éclair lui laisse entrevoir la silhouette fabuleuse. Elle lui plaque de l'air sur la face.

 

 


 

 

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