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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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12 juillet 2021

2.13 >>> Surtout... ne pas cogner

 

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  Tigre de Métal

10 octobre 2070

Peter.

 

 

 

 

Sur un petit signe de la main, le pote s'écarte avec la clé magnétique. Laisse Peter entrer seul dans la cellule. De toute façon, c'est le secteur médical, les prisonniers ne sont pas en état d'être dangereux. Le jeune policier se retrouve seul avec le mec à la gueule tatouée. Enfermé avec lui. Tranquille pour causer. Il s'adosse à la porte pour contempler bien à son aise le corps colossal étendu sur la couchette, presque nu dans ses pansements, mais noyé dans les draps. Il se sait grand, fort comme un taureau et large à proportion. L'As de Pique est un vrai géant, avec des muscles d'auroch et une carrure à enfoncer les portes quand il se cogne. Pourtant, le teint basané a quelque chose d'un peu blafard. Même en faisant abstraction des bandages autour de son front et l'avant-bras sur lequel il pose sa tête, il saute aux yeux que l'homme étendu sur ce lit est malade. Comme tout ce putain de quartier moribond. Malade de mauvaise bouffe, de drogue et de misère. Moins blasé que ses collègues plus âgés, Peter a presque pitié. Sauf que ce loubard à tronche peinturlurée, c'est le vicieux qui agressé Sarah en juin dernier.

– T'es un des SU qui m'ont arrêté ? Merde... sans ton badge, j'aurais pas deviné, avec ta face de jeune premier et ta jolie chemise propre.

Peter tire un peu sur le tissu. C'est sûr. Sans son uniforme renforcé, il ne se ressemble plus.

– Je viens te demander des explications, à propos de ce qu'a dit ma collègue... autant t'avertir tout de suite : elle est aussi ma sœur. Elle pense t'avoir reconnu rapport à... hum... comment dire...

– Rapport que je l'ai tripotée au début de l'été. Ouais. Vas-y. Re-casse-moi la gueule.

Pique semble un peu vaseux. Ce doit être l'effet des sédatifs qu'on lui administre.

– Vu l'état où tu es déjà, je vais éviter. Donc, c'est vrai ?

– Oui. Me demande pas pourquoi j'ai fait ça. J'en sais rien. J'aurais dû me barrer vite fait, sans perdre mon temps. Elle est encore en pétard, j'imagine ? Dis-lui que... boh... dis rien. Elle écouterait pas. J'ai pas été très pro sur ce coup-là, hein ?

– Tu regrettes ?

– De lui avoir fait mauvaise impression. On a pas idée d'être aussi tarte. Surtout que d'habitude, quand je fais peur à quelqu'un, c'est que je l'ai voulu. Là, j'ai juste pas réfléchi. Nul, j'ai été. Elle est canon, ta frangine. D'y penser, ça me fait une trique d'enfer.

– Hé! Tu causes de ma sœur ! Fais gaffe que je m'énerve !

– Pas ta faute si elle est bandante, ta sœur.

Peter serre les poings. Ce type le cherche, ou alors il est con. Il se retient. Écoute la suite.

– Et moi, ça fait un sacré bail qu'elle me rend dingue, total lourdé. J'avais jamais vu sa tronche avant ce jour-là, mais sa voix, sa façon de marcher, de tenir son flingue... Je peux lui parler ?

– Non. Elle est aux arrêts pour t'avoir tabassé. Elle risque gros. T'as frôlé l'arrêt cardiaque.

Le tatoué s'étire un peu. Il sourit, cet idiot.

– Si tu savais ce que je m'en fous, de mourir ! Sont marrants, vos chefs... z'avez le droit de tirer à vue avec vos laser, mais pas celui de cogner avec les poings...

– Nous avons le droit de cogner, et notre combinaison comporte à cet effet des plaques de renforts musculaires. Tu dois d'ailleurs être joliment costaud pour avoir pu vaincre un SU au corps au corps. Pas de ta gonflette, tes muscles, à ce qu'on dirait ! Ce qui nous est interdit c'est de nous en prendre à un individu hors d'état de nuire. Vu la puissance de notre équipement, aucune défaillance de comportement ne nous est tolérée et le règlement est sévère.

– N'empêche. Cogner vous pouvez pas, mais tuer, vous avez le droit...

Peter reçoit l'accusation comme un projectile bien visé. Elle est brutale. Il accuse tout de même le coup. Elle n'est pas juste, mais pas fausse non plus.

– Tu sais très bien que quand on nous y autorise, c'est pour limiter le nombre des cadavres.

– Quand j'étais môme, mon grand frère a été tué par un SU. Traversé la ligne de mire, y paraît.

Horriblement gêné, Peter s'interdit pourtant de détourner le regard.

– C'est à cause des gars dans ton genre qu'on existe. Ceux à cause de qui les rues sont une jungle où tout le monde se balade armé et tire dès qu'il se sent en danger. Désolé pour ton grand frère, mais on est pas infaillibles. On est juste une troupe d'élite soumise à un règlement très strict.

S'arrête un instant. Très bref. Furieux. Hésite ente les serrer les dents et continuer.

– Règlement en fonction duquel ma sœur risque d'être sanctionnée sévèrement, à cause de toi. Et je ne pense pas qu'ils accepteront de croire que tu as voulu lui faire des guili-guili dans un bâtiment cerné par deux unités SU. Personne ne serait assez fou pour faire ça. Faut que tu l'avoues par écrit.

– T'en demandes pas un peu beaucoup, là ?

– Ils peuvent la suspendre, la rétrograder, l'envoyer en remise à niveau, la chasser, et si ton état s'aggrave ça ira encore plus loin...

Le tas de muscles momifié se caresse longuement la barbiche. Un demi-sourire lui échappe, insultant d'audace indécente. Peter recule d'un petit pas, pour ne pas bondir.

– Et moi, on peut me juger pour tentative de viol.

– Si tu avais eu le temps, tu l'aurais fait.

– Va savoir ! J'ai pas coutume de mettre ma bistouquette là où on veut pas d'elle, mais j'ai pas non plus l'habitude de brutaliser les filles qui me font bander. Alors, va savoir...

Il semble réellement interrogatif. C'est égal. Ce mec est une brute qui pense avec ses couilles.

– Mouais... tu l'aurais fait.

– Peut-être. Je sais pas. Ouais, parti comme j'étais. Sûr. C'est nul, je vomis ceux qui font ça. Y'en a eu que j'ai crevé la paillasse. Tu vois que j'les aime pas. N'empêche ! J'suis aussi salaud qu'eux.

Les yeux du truand brillent de désir vicieux. Peter serre les poings et les dents.

– T'excite pas comme ça, vieux... j'ai pas eu le temps.

Blessé ou pas, s'il ferme pas sa grande gueule, y va s'en prendre une...

– J'ai pas eu le temps, et heureusement que je l'ai pas eu. J'aurais regretté, pour plein de raisons. Ce qui lui agitait les hanches c'était de la peur. Ta sœur, c'est pas comme ça que je la veux. C'est quand je suis débusqué, glacé de trouille, qu'elle indique ma position par radio, que son laser est en chauffe et que je devrais flipper. À ces moments-là, personne devinera jamais tout ce qu'elle me met dans la tête, et surtout pas son petit frère. Fais pas cette gueule. Je le fais pas exprès et tu peux pas m'en empêcher. Me regarde pas avec cette tronche de puceau, ou je vais te raconter tout par le détail.

Peter tourne le dos et croise les bras. Il rumine l'humiliation de ne pas pouvoir cogner sur le tatoué pour lui faire ravaler son audace. Un silence passe. Le type reprend.

– C'était pas prémédité. Passe-lui mes excuses... pour la combinaison, pour le tripotage et pour la pétoche que je lui ai foutue. J'aurais préféré avoir du temps... beaucoup de temps ! Histoire de faire ça gentiment. Avec de la musique, tout ça. J'l'ai déjà vue chantonner. Elle aime le classique. Pour les patins dis-z-y bien je m'excuse pas du tout et qu'à la première occasion, je lui en recolle.

– Tu t'imagines qu'elle va se laisser embrasser par un type comme toi ?

– Elle peut me baffer, me griffer tant qu'elle veut. Même me passer au laser ou me couper les choses. Je l'aime. J'ai honte, ouais. Mais je l'aime, et t'as rien à y voir, ni personne. Juste elle.

– J'aurais dû la laisser te tuer, peut-être ?

Alex se tâte doucement les côtes et le bras, puis saisit maladroitement sa bouteille d'eau.

– C'est peut-être l'effet de sa combinaison, mais ses coups de savate, c'est pas du semblant. Pfff... Votre connard de docteur, j'ai eu envie d'y écraser la tête sur le mur. Il dit qu'elle m'a esquinté deux côtes et mis le bras droit en pièces détachées. Y va faire un rapport, y dit. Avec la liste détaillée de mes blessures. Gros con, qui m'a collé des nanobestioles sans demander la permission.

– T'es en sale état. Ça va aider tes fractures à se réparer.

– N'empêche qu'il m'a pas demandé et qu'il a dit du mal de Sarah. Un volcan, ta sœur... Un volcan... Oui, elle peut me buter. J'suis à elle.

Le tatoué sourit comme un bienheureux à ses anges. Peter est pris d'une envie folle d'aller fumer une clope tout seul sur la terrasse. Y'a rien à tirer de cette créature à peine humaine.

– Et la tête ? C'est grave ?

Le géant tâte le côté gauche de son crâne bandé, là où il saignait si fort tout à l'heure.

– Un peu en manque, mais on m'a filé du kerag, alors ça va.

Avec un énorme sourire en coin, il a dit ça. Peter serre les poings dans ses poches.

– Rassure-toi. Y parait que la cervelle est intacte, et tes chefs ont rien à cirer de mon cuir chevelu.

Cervelle intacte ? Faut le dire vite.

– Ta sœur... t'as qu'à juste lui dire que je l'aime. Elle comprendra pas, mais tant pis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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