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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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19 juillet 2021

2.14 >>> Comme un grand frère

 

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  Tigre de Métal

11 octobre 2070

Alicia.

La fenêtre résonne d’un tapoti-tapota pluvieux. Alicia émerge lentement des brumes parfumées du sommeil, pour entrer dans celle d’un vilain cafard bien crasse et bien puant. Elle se renfonce le nez dans l’oreiller. Une main la secoue. Elle tourne la tête pour fuir la lumière. Pas romantique pour deux sous, Roch lui palpe la poitrine en la poussant pour qu’elle ne reste pas sur le côté. Il a envie. Elle grogne un peu. Lui dit qu’elle est fatiguée. D'ailleurs, ils ont déjà baisé hier soir, jusqu'à n'en plus pouvoir. Il insiste. Elle lui demande ce qu’il compte faire pour Alex. Il s’énerve aussitôt et lui beugle que ça ne la regarde pas.

Ben si, ça la regarde.

Le mois dernier, quand Alex a voulu qu’elle l’accompagne à un concours de danse dans le quartier des usines textiles, c’est juste pour embêter son beau brun jaloux qu’elle a accepté. Elle n’imaginait absolument pas avoir la plus petite chance. Quand ils ont gagné, elle a failli tomber dans les pommes. Maintenant, celui qui s’organise à la Baleine Bleue, elle y compte sévère, d’avoir le titre. Le prix, elle s’en fout presque. Montrer aux gambilleuses qui font saliver le client en se trémoussant que la chanteuse qui s’égosille pour rien, elle sait danser aussi, ça elle ne s’en fout pas. La petite couronne en fils de fer et morceaux de verre, produit d’un artisanat local à la splendeur dérisoire, ça non plus, elle ne s’en fout pas, et à présent qu’elle en possède une, elle rêve de les collectionner jusqu’à ne plus avoir de place au mur pour en placer une seule. Elle en possède même deux, car Alex lui a donné la sienne. L’artiste les a fabriquées pour qu’elles restent côte à côte, qu’il a dit. Roch a grogné, mais pas osé râler, parce qu’il aime ça, les petites traditions mignonnes.

Dire qu’elle le trouvait moche, effrayant et ridicule, Alex… S’il n’avait pas été blessé, ils ne se seraient peut-être jamais adressé la parole, à part pour échanger des vannes sèches et des insultes à demi-mot. Le pauvre, certains jours, il grelottait de fièvre. Cette fichue plaie s’est infectée plusieurs fois. Combien de marabouts il a fallu consulter, pour cette saleté ?

De les voir répéter ensemble tous les matins depuis une semaine, Roch fait la gueule. Il arrive en même temps qu’eux au hangar 14 de la magnétogare et s’assied sur une caisse. Sur celle d’à côté, Alex dispose la vieille sono qu’il a acheté à un copain bricoleur, puis ils retirent leurs blousons et s’assurent d’avoir assez de place. Ensuite, c’est « en piste », pour gagner le concours et parce que c’est chouette de s’amuser comme des mioches. Il les regarde s’agiter avec la gueule de celui qui s’emmerde autant qu’un rat dans une cage trop petite et sans eau.

— J’ai pas envie, je te dis.

— C’est l’arrestation d’Alex qui te met dans des états pareils ?

— Pourquoi ? Ça ne te fait rien, à toi ?

Une baffe la loupe de peu.

— Te mêle pas de mes affaires, salope ! Il m’a donné des indications pour ce genre de situation. J’ai contacté les mecs qu’il m’a dit. Maintenant, j’attends. C’est de gigoter avec lui qui te manque ?

Au début, elle voyait le tatoué comme un paquet de muscles hyper-moche et instable en matière sexuelle. Il lui faisait peur, aussi. C’est un tueur, tout le monde le sait. Un jour, un concurrent est venu lui chercher des crosses avec deux hommes de main. Là, à l’intérieur de la Baleine Bleue, autant dire chez lui. Il leur a coupé le cou aux trois, et ça n’a pas traîné. Y’avait du sang partout. Roch n’a pas eu le temps de dire ouf. Ni de dire rien du tout. Alex avait déjà nettoyé son couteau, quand il a enfin retrouvé sa voix. Dans le Losange, les différends se règlent toujours par menace ou violence. On est habitués. N’empêche que ce jour-là, tout le monde a eu peur de lui, Alex. Une peur dingue. Et maintenant, ça cause partout de la vitesse à laquelle il balance sa lame.

Il a une gueule féroce, mais c’est un garçon observateur et attentif. Il est moche, ça oui, et en plus elle n’a rien pour lui plaire, mais ils aiment tous les deux la musique, la danse et les jeux vidéos, alors c’est devenu un bon copain. Presque un grand frère. D’ailleurs, la tonalité de sa peau basanée est pile la même que celle du père d’Alicia. Beaucoup plus grand, par contre. Et moins bavard tout autant que moins colérique. En plus, les jours où elle se dispute avec Roch, il les aide à se réconcilier, alors l’idée qu’il soit en taule, ça lui donne envie de chialer, voilà tout.

Et la pluie qui en remet une couche…

Jaloux comme un pou, le beau brun est maintenant encore plus désireux de baiser. Pour venger son orgueil insulté par la contestation ? Pour prouver ce qu’il vaut ? Parce qu’elle l’a habitué à bouder juste pour le provoquer ? Le pauvre est aussi nerveux qu’elle, mais ne l’avouera pas. Elle renonce à dire « non », roucoule des excuses en série, promettant de ne plus le fâcher et ronronne des compliments sur son intelligence. Elle l’aime, ce petit con, mais il y a des jours où elle se demande pourquoi.

Pendant qu’il se libère de son trop-plein d’énergie, elle réfléchit au concours de danse, et à qui pourrait remplacer Alex. Sur elle, Roch se met à râler qu’elle pense à autre chose. Elle rectifie le tir, en remettant une tartine de mots doux qu’elle accompagne d’une bouteille entière d’encouragements à la faire monter au ciel. Il ne sera pas ivre avant qu’elle soit essoufflée de plaisir. Elle a beau avoir le cul chaud, faut pas trop lui en demander. Elle est trop triste pour avoir envie, un point c’est tout.

Il pleut des cordes. Le ciel toujours gris déverse sa pollution et va sûrement faire déborder les égouts. Roch s’en tamponne. Alicia simule de son mieux, et comme elle a envie de pleurer, ce ne doit pas être très crédible.

D’habitude, elle est enchantée des ardeurs de son bel étalon. Quatre fois sur cinq, c’est elle qui en redemande et Roch qui n’en peut plus. Une de ses copines dit qu’elle devrait apprendre à se modérer, et qu’un mec aussi fier, il ne faut pas qu’il sorte du lit comme un général vaincu.

De toute façon, quand il est de mauvais poil, elle lui sert la super-scène du « je t’aimeuh siii foort », avec dose de caresses adaptée, et ça le rend roucouleur comme un pigeon.

Un jour, profitant d’un bref moment où ils étaient seuls tous les deux, elle a demandé à Alex ce qu’il en pensait. Il s’est tiré la barbiche, l’air pensif, et a répondu qu’une fille capable de le mettre KO, c’était sans doute son plus beau rêve. Pour lui ! Pour Roch, il n’a pas su dire, mais à sa tronche, il était du même avis que la copine. Alex n’est pas du genre à se vanter, mais elle s’est quand même demandé si, vraiment, il « tient le coup » tant que ça. Son beau brun adoré et papouilleur, venait de revenir à leur table, alors elle s’est dépêchée de reporter son attention sur lui.

Elle n’aime pas les tas de muscles. Alex n’aime pas les façades maquillées. Entre eux, c’est définitivement « no way », mais Roch est de plus en plus jaloux, et c’est pile ce qu’elle veut. Ce quartier est bourré de types pas nets. Avec Roch qui veille sur elle, y’a rien à craindre. Plus personne n’ose la suivre dans la rue. Bien peu de clients du bar se risquent à lui tâter le postérieur. Reste bien le patron de la Baleine et ses deux fils, mais ils finiront par baisser pavillon, et elle sera la reine du quartier. Roch est aussi infidèle que jaloux, alors ça crée des incertitudes, mais Ally est sûre de son coup. Il ne la plaquera jamais. Les autres ne la valent pas et si elle s’y prend bien, ça restera comme ça.

Une des colocataires martèle la porte de coups de poing. Roch gueule un grand coup qu’il n’a pas fini. On tambourine en double. Elles doivent avoir besoin de la pièce. L’appart ne comporte qu’une seule chambre avec un grand lit. Normalement, il est prévu que chacune des cinq locataires y a droit une fois par semaine et dort le reste du temps dans l’autre, qui est plus grande mais aménagée un peu comme un dortoir. Roch vient plus souvent qu’à son tour, et les copines le lui font sentir. Il donne encore quelques coups de reins pour achever son affaire et se lève sans s’attarder.

— Faut que j’y aille. J’ai à faire.

— Pour ton pote ?

— Alex est en taule, mais pas nous. Faut continuer à gagner des sous. J’ai un rendez-vous d’affaires dans les coins chics, d’ici quelques jours. Avec le mal que j’ai eu à me l’organiser, il est hors de question que je l’annule, donc aujourd’hui je vais m’acheter un costume.

Alicia dissimule une grimace. Vu les goûts de crasse de son homme, elle craint le pire. La pluie dégouline sur les vitres et sur la ville. Il doit faire glacial, dehors.

— Je viens avec toi.

Il s’interrompt dans l’enfilage du pantalon. Une horreur. Un froc de clown.

— Pourquoi faire ?

— Je t’aiderai à choisir, tout simplement.

— Je vais acheter une veste et un falzar assortis ensemble, plus une cravate et des chaussures neuves. C’est pas compliqué.

— Alors je ferai un peu de lèche-vitrine, et on ira attendre la fin de la pluie dans un cinécafé ultrabranché. Tu veux ?

Quand elle dit « tu veuuuuuuux ? » en lui posant ses deux bras sur les épaules et battant des cils, c’est rare, qu’il ne veuille pas. Comme il semble hésiter, elle en remet une couche.

— Ensuite, tu m’amèneras au boulot, et si je suis en avance, ou même si je ne le suis pas, on ira s’amuser à l’étage. Tu veux ?

Là, il craque. Elle le regarde avaler sa salive en essayant de reprendre ses esprits, puis assène le coup de grâce en l’embrassant comme une sauvage. Victoire par KO. Il ne s’en relève pas, le pauvre chou, et parvient juste à désigner à sa copine ses habits étalés par terre.

Qui c’est le chef, hein ? Quand il est dans cet état, sûrement pas lui !

Elle est rentrée hier soir portant sa tenue de scène et un imperméable. Elle ne va pas mettre ça pour se balader dans les beaux quartiers. Cogitation express. C’est un peu con, mais la seule chose vraiment mettable qu’elle ait, c’est la combinaison de moto rose qu’Alex lui a offerte pour fêter leur succès au concours de danse. Avec une fleur rouge dans le dos et une sur le casque. Roch risque de faire encore son jaloux. Tant pis pour lui. Ce sera une occasion de lui suggérer qu’il pourrait lui faire un cadeau. Depuis toute petite, elle rêve d’une robe de soirée. Avec un voile pailleté tendu entre les deux coudes et des plissements de tissu qui recouvrent les orteils pour mieux montrer les épaules, elle aimerait. Plus simplement, elle choisira un gentil tailleur crème, et un beau chemisier pastel.

 

 

 

 

 

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RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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