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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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23 août 2021

2.20 > Le pote a des problèmes.

   Tigre de Métal

26 novembre 2070

Roch.

 Depuis qu’ils se connaissent, le tatoué a toujours été matinal. On peut lui reprocher des tas de trucs, mais pas de traîner au lit. En se levant, Roch le trouve souvent absent. Il n’est jamais loin. En général, au bar le plus proche, avec son écran de poche étalé devant lui. Soit il papote avec un copain à propos d’un « coup » à faire, soit il s’amuse à un truc vidéo.

Noyée dans le drap, la gigantesque carcasse émerge à peine. Il est pourtant déjà tard. Le blouson noir est accroché au bout du lit. Le pantalon de cuir, le T-shirt blanc et le sweat rouge jouent les serpillières sur le sol. Un peu inquiet, Roch se penche. Alex n’a pas l’air d’avoir de la fièvre. Il ne dort même pas. Mieux vaut le laisser tranquille.

Peut-être que c’est son arrestation qui lui remue les boyaux. Ou bien ses blessures lui font mal. Oui, ça doit être ça. Il a des côtes cassées, quand même. Les flics l’ont fait retaper à coups de nanobidules, mais il n’est pas prêt d’être guéri.

Du coup, le jeune homme caresse son tatouage à lui sous sa manche droite.

Ceux qui ont assisté à la scène disent tous qu’Alex s’est laissé emmener sans résister. Alors comment ça a pu arriver ? Pourquoi ils l’ont démoli ? Il a des envies de meurtre. De massacre. De dégoulinade rouge partout. Il le fera, sûr… mais pas tout de suite. Le copain n’est pas bien. Hors de question de l'abandonner tout seul, et encore moins de le mettre en danger. Faut pas attirer les flics sur lui. Surtout qu’on ne l’a relâché que grâce à ses potes trifouilleurs d’informatique. S'ils sont arrêtés tous les deux en même temps, ce sera plus compliqué.. D'abord parce qu'aucun des deux ne sera en bonne position pour contacter les hackers, ensuiite parce que les flics risquent de se méfier et sécuriser cinquante fois le dossier pour qu'on n'arrive pas à le fausser.

Il neige. Une petite neige timide. La première, mais déjà glaciale. Roch cherche des yeux l’émetteur de météosphère qui se trouve près de la gare. L’an dernier, cette saleté a failli tomber en panne.

Ces temps-ci, Alex fait marcher sa caboche comme un malade pour organiser au mieux le voyage de ravitaillement. Bizarrement, Roch n’est pas pressé d’y aller. Les stocks sont presque vides et il s’en tape. Ils peuvent le devenir totalement, ça lui est égal. La concurrence peut s'emparer du marché, il s’en fout. Alex est trop mal en point pour qu’il le laisse seul pendant trois semaines ou un mois.

À la Baleine Bleue, les gens se sont étonnés de ne plus les voir ensemble, puis le bruit s’est répandu que le baraqué avait pris ses quartiers au Tonneau Endiablé. Comme malgré tout, les deux complices logent toujours ensemble, chacun en a conclu que c’était pour disposer de deux sites de contact au lieu d’un et limiter les risques d’avoir des emmerdes tous les deux en même temps.

Alicia s’ennuie de son partenaire de danse. Il lui a fait comprendre que si elle le répétait trop souvent, il finirait par s’énerver. Elle lui a fait la grande scène du « j’aime quand tu es jaloux », avec effets spéciaux qualité supérieure. Sur le coup, il était ravi. Maintenant, il s’en veut. Le corps immobile du géant blessé lui fait mal. Il donnerait n’importe quoi pour le revoir faire s’envoler la silhouette gracile de la belle chanteuse blonde.

Il ferme les yeux un moment. Son pote et sa copine, c’est vraiment les meilleurs danseurs du coin. Et pis, ils font une paire à vous péter les mirettes. Hercule faisant s’envoler Vénus en musique. Et il ne devrait pas être jaloux, puisqu’il sait qu’entre eux, ça n’ira jamais plus loin que la piste de danse. Il y a même de quoi être fier. Avoir un mec pareil comme meilleur pote et une fille comme ça dans son lit, faut vraiment être vernis. Pourtant, il a tout ça.

Un gargouillement d’estomac fait sentir à Roch que l’heure avance de plus en plus. Il se penche à nouveau sur Alex.

— Je vais nous chercher à bouffer. T’as besoin de rien d’autre ?

Le tatoué se recroqueville en tirant le drap sur son as de Pique. Roch serre les poings.

— Ces saligauds… ils t’ont méchamment arrangé. J’en croise un, j’y balance mon laser à bout portant, pour voir si son armure résiste. Pis, j’le finis au couteau, en lui vidant le ventre par terre.

Alex geint un peu.

— T’as mal ?

Pas de réponse.

Roch s’autorise l’audace d’écarter drap et couverture. Sur la peau basanée du grand corps nu, la cage blanche du bras blessé est comme une insulte. Le jeune homme soulève cette chose monstrueuse qui rend le colosse incapable de rien faire. Alex lâche un petit cri de douleur et se mord les lèvres pour le bloquer.

— Ouais… t’as mal, ça se voit… c’est normal… t’as passé la moitié de la journée d’hier à balader au lieu de rester sagement assis au Tonneau ou à la Baleine. Je sais que t’es costaud, mais t’es blessé, quoi !

De jouer les infirmiers, il se sent mal. Il se sent con. Il a beau n’avoir pas trop le choix, il a l’impression de se diminuer. De se ridiculiser.

— Tu veux que je demande à Ally de te tenir compagnie, pendant que je serai absent ?

— J’suis pas si malade.

— T’es à bout de forces, ça se voit… même toi, t’es pas invulnérable. Ils t’ont rudement amoché, ces salopards. Tu veux du kerag, avant que je sorte ?

— Non. Ça va.

Stupéfait, Roch se gratte la tête. Alex souffre, mais refuse une dose ?

Le géant se soulève un peu, semble regarder en direction de la fenêtre, puis retombe sur le lit.

— Faudrait plus traîner trop, pour le voyage. Les conditions de départ sont mauvaises, mais elles risquent de pas s’améliorer.

— T’es pas en état de rester seul !

— Tu veux qu’Alicia vienne ici ? Pour qu’elle soigne ma santé ou pour que je veille sur son cul ? 

Pan. Bien visé.

Roch l’a pris en plein, celle-là. Il n’y avait pas pensé, mais c’est juste. Il a toujours peur, quand il s’en va, du nombre de cornes qu’il se trouvera sur la tête en revenant. Non seulement Alex ne risque pas de coucher avec elle, mais il représente une certaine une garantie vis-à-vis des autres mecs.

Un petit son qui ressemble à un gémissement se fait entendre. Une fois encore, Roch se penche, gêné du nœud qu’il a dans la gorge et qui lui fait l’impression d’être en train de se ramollir comme une femmelette. Le tatoué a le visage crispé, les yeux fermés et la bouche douloureuse. Le jeune homme se laisse aller à contempler le superbe nez de son pote. Il le préfère au sien, qui est plutôt long, très droit et un peu pointu. Alicia prétend l’aimer ainsi, et qu'il a un profil tout aussi superbe. Lui, il se trouve une tronche de fouine ou de renard. Celui du copain est assez haut, pas abusivement long, et ni tout à fait droit ni vraiment busqué. Juste fier comme lui. Sauf que là, un petit ruisseau coule tout au long. Un ignoble sillon humide et brillant. Des larmes. Le jeune homme s’écarte nerveusement. Les mecs, quand ils pleurent, personne ne doit le voir. Surtout ceux qui sont aussi forts que celui-là. Question d’honneur.

— Sûr de sûr… Si j’en chope un, je le crame ! Et si je savais lesquels c’est qui t’ont arrangé comme ça… Au couteau que je les crève ! En leur arrachant la peau par petits bouts !

Une sorte de hoquet secoue Alex, qui ramène le drap sur sa tête. Roch est consterné. Bien sûr, il sait que le géant est moins terrible qu’il n’en a l’air… Il sait que c’est un gars un peu fille et plutôt sensible… Y’a qu’à voir comment il est capable de causer chiffons ou chansons avec Alicia, ou comment il se passionne pour la façon de se trémousser en rythme… ou bien comment il est de mauvaise humeur quand il n’arrive pas à faire autrement que se servir de ses poings...

Ses poings se serrent. Malgré tout ça, Alex c’est une montagne. Un mec inébranlable. Un rocher indestructible. C’est le gars le plus fort du Losange. On a pas le droit. Lui bousiller le corps et l’âme comme ils ont fait, on a pas le droit.

Une rage monstrueuse s’empare de lui. Un incendie lui brûle l’âme. Il se rue dehors. Il faut qu’il marche. Qu’il prenne l’air. S’il a une occasion de taper sur quelqu’un, ça le défoulera. S’il peut tuer quelqu’un, ça sera encore mieux. Se calme un peu, en croisant des gens qui lui demandent comment va Alex. Des inconnus. Des ploucs quelconques de l’immeuble voisin. Un gars comme lui, qui empêche qu’on se fasse menacer sitôt qu’on sort, c’est une bonne chose. C’est bien vilain ce qui lui est arrivé. Timidement, demandent si Roch peut écarter un type qui leur cherche des noises.

Le genre de BA que le copain aime bien faire. Neuf fois sur dix, il a juste à montrer son blouson.

 

 pomme-de-terre-noir-et-blanc---cadre

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RAT BUFFLE TIGRE

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CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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