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Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
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C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

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19 octobre 2020

1.25 > Négociations entre potes à la mode Losange

 Année du Rat de Terre

2068

Alicia.

Alicia sourit en douce, mais en baissant la tête pour qu'Alex ne la voie pas. Le géant semble pétrifié. Il n'est pas le seul. Aux tables voisines, le brouhaha est devenu moins fort. Roch ne s'est pas rassis. Il se dresse de toute sa hauteur face à son pote, profitant d'un mini-escalier sans lequel il ne lui arriverait qu'à la poitrine. Joli usage du terrain.

D'une claque dans le dos, Roch pousse le mioche bouclé en avant. Lui fait descendre le bout d'escalier. Le colle entre deux de ces gros tubes lumineux turquoise qui éclairent la Baleine Bleue. Le met en évidence aux yeux du grand costaud au look effrayant. Le gamin tremble. Ose à peine regarder le colosse. Il a raison. Rien que la crasse et la sueur, ça fait monstre sorti du marécage.

– Pour perdre ton temps à me dénicher ça, quelle bêtise tu as faite ? T'as encore envoyé un bijou à cette fille, c'est ça ? Combien tu as dépensé, encore ?

Alicia ne perd pas son temps à protester. Elle envoie au beau brun quelques œillades et prend une pose sexy. Il se rengorge comme si elle était déjà dans son pieu. Son pote le baraqué le tire par le blouson. Il se dégage doucement, et fait lever la tête au jeune garçon, l'incite à se tenir droit.

– Ce petit bonhomme aurait besoin que tu lui fasses cadeau d'une boite.

Silence de mort à la table de devant. Rire étouffé à celle de derrière. Chuchotis à d'autres, inquiets par ici, narquois par là. Alex tente de rester impassible, mais seulement du visage. Ses poings s'enfoncent nerveusement dans les poches de son blouson. Il doit avoir envie de cogner. Alicia prend soin de ne surtout pas avoir l'air de se marrer, mais elle n'en pense pas moins. Pour mieux rester grave, elle réfléchit que le beau Roch ne manque pas d'audace et qu'il pourrait avoir de l'avenir.

– T'es rudement généreux, aujourd'hui... avec lui comme avec moi...

Avec son anneau rouillé et son ovale de plastique bleu pailleté, la clé d'une des pièces de l'étage tombe sur la table. Vieillerie du temps où on les tournait dans les serrures. Le Losange est rempli de serrures démodées, et c'est pas plus mal, avec toutes les ondes de la voie magnétique. La Baleine Bleue est beaucoup trop près de la gare et de son carrefour de magnétovoies niveau 3.

– Prends ça, gamin, et va là-haut. Le temps de prendre une boite et mon copain te rejoint.

En voyant Alex se crisper encore plus, Alicia crève d'envie de se bidonner. Roch a bien réussi sa farce. Le baraqué crève d'envie de mordre à l'hameçon, mais s'il fait ça, tout le monde dira que son associé le manipule comme un pantin.

Le môme prend vivement la clé, avec l'air effrayé de celui qui ne veut pas avoir l'air de désobéir. Hésite très brièvement. Remercie en bredouillant. Se sauve vers l'escalier.

Malgré ses muscles hypertrophiés qui incitent plutôt à un respect craintif, Alicia gratifie le grand Alex d'un regard moqueur, tandis que la conversation reprend d'un ton lourd.

Depuis la table qu'il ne quitte jamais, le vieux Roberto regarde la scène avec une grimace. On le dit sourd, mais il sait toujours tout ce qui se passe. Alicia n'aime pas ce vieux. Il a l'air fouineur à souhait. C'est peut-être un mouchard.

Avant de s'engager vers le haut, le gamin se retourne. Regarde Alex et Roch qui se disputent. Alicia s'en tape totalement. Son beau gosse a réussi à manipuler le gros tas de muscles. Ça vaut bien qu'elle supporte une ou deux insinuations. Et ça prouve qu'il a du potentiel. Elle prend une pose qui a de l'allure, façon grande dame qui a de la classe.

– Fais gaffe à ce que je découvre pas demain que t'as déjà dépensé la moitié de la recette pour offrir un collier à ta pouffiasse ! Au moins, tu lui as dit les conditions du marché, à ce gamin ?

– S'il n'a pas compris, il est stupide.

– Autrement dit, tu me laisses lui expliquer. Ça me surprend pas. A quinze ans, t'étais déjà une ordure cent fois pire que moi. Méfie-toi. Y'a des choses que je peux pas piffer. A force de chercher mes limites, tu finiras par les trouver. T'es déjà pas loin. J'aime pas les escrocs.

– Pourquoi perdre ton temps en blablas ? Tu sauras très bien lui montrer. Tu as vu ses yeux ?

Il a raison, le beau gosse. Quand on a une occasion, il faut la saisir. Pas discuter pour savoir si c'est moral ou si ça convient à tout le monde. De toute façon, y'a toujours des mécontents.

– Ouais... marron clair avec des longs cils bruns... sont beaux.

– Ils sont flous, nerveux, agités... ce gosse est prêt à tout pour une dose. Dépêche-toi d'y aller.

– Je sais pas. Une de nos petites porteflingues m'a proposé de passer chez elle boire un verre.

Ah tiens ? Alex-Pique remonte dans l'estime d'Alicia, là. Elle le croyait amateur de mecs. Du coup, elle se demande à quoi ressemble la fille en question.

– T'es fatigant, à changer d'avis tous les quatre matins...

– Et des fois même plusieurs fois dans la journée, Roch...

Ôte ses lunettes. Les pose dans ses cheveux. Enfonce son regard dans celui de son associé. Des yeux noirs, intenses, pas moches, difficiles à lire, beaux de mystère effrayant.

– Elle s'est donné du mal pour me donner envie, cette petite, tu sais. Elle y est assez bien arrivée, soit dit en passant. Pourtant, l'envers de l'histoire, c'est pas jouissif. Son frangin s'est fait embarquer le mois dernier. Elle a besoin que j'organise qu'y se défile.

– Tu comptes l'aider, ou tu vas te contenter de la baiser ?

– T'es vraiment une crapule, Roch.

– Toi aussi, non ?

– Oui, bien sûr... mais j'ai quand même plus de principes que toi. Et ça compte, pour établir des bases de travail, tu sais. Elle se fie à ma réputation pour supposer que je peux l'aider. J'accepte ou je refuse, mais je fais pas semblant.

Ce tas de muscles a beau posséder un cerveau performant, c'est une lopette de premier ordre. On a vraiment pas idée d'être chochotte à ce point !

C'est beau, les rêveurs avec des bonnes intentions. Pour un peu, Ally serait touchée de la naïveté d'Alex, mais non. Ça fait pas bouillir la marmite, ces conneries. Baraqué ou pas, ce type est une lavette qui n'ira nulle part. Ce n'est pas un loup, mais un mouton qui se fera bouffer.

Le beau brun, lui, il a des dents énormes et bien aiguisées.

– Elle suppose que tu peux l'aider. Elle n'en sait rien.

– Effectivement. Toi et moi, on sait qu'elle a raison, mais elle, elle n'en sait rien.

– Tu devrais pas jouer les bons samaritains, Alex. Ça te perdra.

– Aider ceux qui bossent avec nous, ça crée des liens plus solide que le fric avec lequel on les paye. Sans compter que son histoire peut m'aider à dorer encore un peu ma réputation.

– La fais pas trop briller. Bientôt, tu serais dans la ligne de mire des flics.

– Tu peux parier qu'on y est déjà ! Et j'aime mieux y être comme un petit combinard efficace que comme le charognard qui récupère le marché du kerag qu'ils ont gentiment dégagé. Moi aussi, j'ai ma fierté.

– Petit, t'auras du mal. Tu mesures combien ? Deux mètres ? Deux mètres dix ?

– Bref... tout ça pour dire que je pourrais décider que tu me fais chier et que je m'amuserai plus avec cette fille qu'avec le gosse apeuré que tu me proposes.

Totalement dédaignée par Roch au profit de la conversation, Alicia se remet ostensiblement du rouge à lèvres. Ce petit divertissement va bientôt devenir ennuyeux.

– Tu refuses, donc ?

Roch tapote une déchirure sur le blouson de moto. Une trace de laser, à vue de nez. Rien de grave. Il devait être loin. C'est à peine fondu. Puis une autre. Un coup de couteau sur le côté qui a l'air d'être venu de par-derrière. Heureusement qu'il est un des meilleurs castagneurs du Losange.

– Tu as pourtant l'air d'avoir rudement besoin de te détendre un max. Qu'est-ce qui t'empêche de commencer par lui et aller voir la fille après ?

Un silence. Regards rivés l'un à l'autre, les deux hommes essayent de s'imposer autorité l'un à l'autre. L'ange ne passe pas. Il stationne. S'éternise. Les deux amis et associés s'affrontent avec une rudesse muette et immobile. Alex abandonne le premier, non en détournant la tête, mais en faisant retomber sur son nez les lunettes noires.

– Parce qu'il a de jolies boucles et des beaux cils, j'accepte. Mais après, je vérifie les comptes.

Le beau brun ne bronche pas.

– Si je suis pas content du résultat, je te fais une tronche à effrayer un phacochère. OK ?

Le beau brun sourit tranquillement, et se rassied pour peloter Alicia. Un peu inquiète, elle suit du regard le baraqué qui s'éloigne. Pendant ce temps, des boucles d'oreilles, un bracelet et une deuxième clé viennent se poser sur la table. Léger temps de décalage, pour ne pas avoir l'air de se jeter dessus. Une petite main s'empare des bijoux avec des gestes soigneusement naïfs et émerveillés. Les boucles, c'est du toc, mais de grande marque. Le bracelet ne vient sûrement pas d'une bijouterie mais il semble en or. Alicia effectue un petit calcul mental. Ça, plus ce qu'il lui a déjà offert, c'est pas mal. Pis il est mignon. Dommage qu'il soit aussi puant d'orgueil.

Un rouquin ébouriffé qui a assisté à la scène depuis le zinc pose la question qu'elle n'ose pas. Qu'est-ce qu'il va trouver à raconter pour garder sa belle gueule ?

– T'es un copain, Svein, mais ça te regarde pas. C'est entre lui et moi.

Sûr de sûr qu'il réfléchit à comment convaincre son pote de pas lui écraser la figure. Ce serait dommage qu'il ait pris le risque pour rien, alors elle enfile le bracelet.

 

2018-coiffeur

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RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

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