Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sinistre Disco Ball... 60  ans de dystopie psychologique
Newsletter
Pour être averti...
Une newsletter sera envoyée
quand le premier chapitre
sera posté.

Comment s'inscrire à la Newsletter ?

C'est quoi ce truc ?
En un tout premier temps, Sinistre DiscoBall n'était qu'un pari idiot sur lequel je pensais me casser la figure avant d'avoir écrit le douzième du premier jet. En un second temps, il a été envisagé, sans trop y croire, de le publier en auto-édition numérique. En un troisième, envisagé de même mais sérieusement et assez follement. En un quatrième... nous y voici. Publication sur blog.Tout  simplement. 

Description du projet : ICI.
Complément à description : LA.

Derniers commentaires
21 septembre 2020

1.23 > Paraît qu'on a chopé le chef, hier soir

  Année du Rat de Terre

2068

 Sarah.

Sixième jour de nettoyage.

Sixième jour d'interventions en force dans les quartiers où la seule loi qui vaille est celle du Marionnettiste. Un peu sonnée, Sarah regarde ses collègues, fantômes anonymes en armures sombres, qui font monter trois hommes et deux femmes dans un transport. Un des hommes fait partie de la garde rapprochée du Marionnettiste. Les autres, on ne sait pas très bien. Une des femmes prétend connaître des tas de choses, et même des qui peuvent faire beaucoup de bruit. Possible. Le Marionnettiste a étendu ses filets très haut.

Sixième jour à suivre des indications venues d'on ne sait pas bien où. Des années que le Losange est parcouru par des dizaines de barjos qui ont des centaines d'informateurs. Que d'autres dizaines de cinglés se coltinent des tetraoctets piochés va savoir où. Hacking ou contacts internet avec d'autres informateurs, tout se vaut. Et ces gens-là ont une sacrée patience de tout vérifier en détail après.

Des années qu'on court après la criminalité de cette zone qui n'arrête pas de galoper et va de plus en plus vite. Qu'on essaye de juguler l'inflation permanente des gangs.

Il paraît qu'on a chopé le Chef, hier soir. Le gros. Le vrai. Celui qui règne sur cet énorme immondice que les malfrats trouvent si juteux, et sur tellement d'autres trafics en des lieux aux apparences nettement moins crados mais pas mal pourris à l'intérieur.

Des années de non-droit. Sixième jour d'action. Depuis hier, enfin un résultat. C'est pas trop tôt.

Ça va peut-être les calmer... mais Sarah n'y croit pas trop.

Ou au contraire les rendre encore plus enragés... non, ça c'est impossible.

Les flaques sombres qui sèchent au soleil ne viennent pas d'une canalisation rompue.

Un livre tombé face contre terre sédimente dans les gravats. Il y a donc des gens qui lisent, dans ce trou pourri. Ou bien il y en avait.

Six jours que les habitants se planquent. Que la moindre poubelle peut servir de poste de tir. Là-bas, à l'angle de la rue, un petit vieux a effectué sa dernière promenade. C'est à vomir, mais Sarah fera ça plus tard.

Au-dessus du parking, un panneau holographique mural et déglingué déblatère connement un feuilleton romance. En temps normal, il y a toujours des gens assis là, avec ou sans véhicule. Pour le moment, il n'y a que des policiers et trois fourgons.

L'énorme masse des petits délinquants et criminels de basse volée du Losange constitue la main d'œuvre courante pour le gang. Comment vont se comporter ces gens-là, dans les jours à venir ?Vont-ils tenter de le sauver ou au contraire casser la gueule à ses lieutenants ?

Sarah se rend compte qu'un de ces loubards, justement, la regarde depuis sa moto. Il ne bouge pas. Mains serrées sur le guidon, pieds ancrés dans le sol, il ne semble pas hostile. Son casque noir miroite au soleil au point de sembler blanc. Son blouson rouge et noir rend sa large carrure effrayante. Sauf les marbrures de son blouson, il est entièrement vêtu de noir. Un laser fixé sur sa cuisse gauche y fait une trace claire. Sur la droite, on devine le long étui d'une navaja, l'ustensile des castagneurs habiles au couteau. Presque un emblème, dans le Losange. Celui de l'homme de main efficace en combat rapproché. Comme les motifs sur son buste, la moto est d'un rouge flamboyant. Des coffres qui y sont fixés ajoutent une épaisseur sombre sur l'arrière. Un convoyeur.

Rien que son laser, ce serait déjà suffisant pour lui demander des comptes. Ce sera pour un autre jour. Pour le moment, ce qui importe, c'est le Marionnettiste et sa bande.

Ce gars-là est de la petite racaille. Au pire, il fait partie des employés réguliers, mais visiblement pas plus qu'un simple homme de main. Il ne se laissera pas choper sans courir un peu, et il n'y a pas de raison urgente à le faire. On réglera son cas plus tard.

Dans ses écouteurs, Sarah entend un des collègues du « Central » chantonner une vieille chanson. Par réflexe, comme si c'était une interférence radio, elle tapote sur son casque.

Le type en noir sur la moto rouge se penche en avant, jusqu'à poser sa tête sur ses bras. Pourtant, il continue de la regarder. Ça devient presque gênant, mais elle ne peut pas se laisser distraire.

Le transport referme ses portes, puis se soulève du sol. Laser levé, posé sur le bras, prêt à se braquer, tous sens en éveil, elle retourne patrouiller.

Le gars en noir décolle sa moto, mais pour aller se poser plus loin dans la rue. Elle va devoir passer devant lui. Il n'essaye pas de se cacher, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas dangereux.

Non. Elle n'a pas besoin de passer devant lui. Avant qu'elle soit parvenue à son niveau, il décolle à nouveau, d'un saut de puce qui lui permet de continuer à la guetter.

Ce n'est pas rassurant, mais Sarah ne s'autorise pas à avoir peur. L'armure des SU peut-elle trembler devant un petit voyou qui ne désire peut-être rien d'autre que savoir si le Marionnettiste et ses troupes sont hors-jeu ou s'ils sont encore les maîtres du quartier. Après tout, ce serait logique. La vie de ce type dépend sûrement d'eux et de leurs trafics.

Dans le casque, la voix fredonne toujours. Un truc plus récent. Elle préférait l'autre musique. Elle ne dit rien. Ce collègue un peu paumé qui a oublié son micro, ça la repose un peu. Vivement la relève. Elle crève d'envie de rentrer, prendre une douche et s'allonger en écoutant du Beethov.

Le motard refait un petit bond et s'installe à nouveau pour la regarder avancer. Il n'est pas discret, en plus. En plein devant elle, qu'il se met. Bien sûr, elle pourrait changer de trajectoire, mais si elle quitte l'itinéraire de patrouille sans raison valable, on va le lui reprocher. Ce type n'est pas vraiment inquiétant. Peut-être essaie-t-il de la distraire. Elle concentre son attention sur les portes, les coins sombres, les rues latérales...

Un autre motard déboule d'en haut. Moto orange. Blouson jaune. Il survole le premier en lui criant quelque chose puis fonce sur elle. Celui en noir décolle immédiatement et à une vitesse infernale. L'autre brandit son laser en direction de Sarah. Dans sa hâte, le premier le percute, et dévie le tir.

Par réflexe, elle s'est jetée à terre et a actionné son alarme.

Le type en noir ralentit, imité par l'autre. Il se met en vol stationnaire et la regarde se relever.

Le dos de Sarah s'humidifie de sueur et frissonne de terreur.

Il a le soleil dans le dos. Éblouissant. Immobile. Il la regarde. Encore. Fixement. Comme pour la clouer au sol. Comme pour se graver dans ses prunelles.

La moto orange s'était éloignée. Elle décrit une boucle pour revenir. Le gars en noir n'attend pas son arrivée et redémarre aussi sec que le coup précédent.

Ou bien peut-être qu'il n'a pas voulu attendre les collègues de Sarah, car dans les instants qui suivent, une demi-douzaine de SU accourent. Voyant de chauffe de leur laser allumé.

Elle se relève. Vérifie la fonctionnalité de son armure. Procédure ordinaire après toute situation de choc. Un collègue lui fait remarquer que les renforts musculaires de son mollet droit ne clignotent plus qu'à demi, et commente qu'avec tout ce qu'on leur a fait faire en une semaine, faut pas s'étonner si y'a des circuits qui flanchent. OK. Elle passe ses jambes en circuit minimal. Juste assez pour porter le poids de l'armure en marchant normalement. Pourra plus courir. Ce qui serait cool, ce serait qu'on l'affecte aux patrouilles moto. Inutile d'y compter. Faut de l'ancienneté, et elle ne pilote pas assez bien.

Les copains on examiné les lieux. N'insistent pas. Habitués aux motovolantes et aux embuscades. Ont compris l'agresseur est déjà loin. Elle explique l'incident.

Une voix, au Central, conclut sur un ton de fatalité que les opération d'apaisement sur le quartier vont encore durer quelques mois. Il y aura ceux qui ont gentiment compris que le Marionnettiste n'est plus là et que tout doit changer, et les connards qui ne comprennent jamais rien.

Elle se dit qu'il va y avoir des affrontements entre les deux, et qu'elle vient peut-être d'assister au premier.

A cause de son armure qui doit être révisée, elle revient vers le parking. Le technicien qui accompagne le fourgon va jeter un œil. Sur la façade, l'hologramme envoie toujours de la guimauve à qui mieux mieux. Dans quelques heures, ça deviendra plus osé. Jamais un seul polar, sur les écrans publics de ce type de quartiers. Les gens d'ici respectent les écrans TV, mais si on leur fait ce coup-là, garanti sur facture, le lendemain, il est zigouillé. Mais pourquoi est-ce qu'on leur refile ces merdes à l'eau de rose le jour et leurs équivalents sexuels le soir ? Dans l'espoir de leur atrophier le cerveau ? Entre deux feuilletons, cet écran passe des jeux débiles ou des émissions people. Comment peut-on survivre à côté d'un machin pareil ?

Vivement la douche, Beethov et une similitisane.

2018--parapluie

 

Publicité
Commentaires

RAT BUFFLE TIGRE

LIEVRE DRAGONSERPENT

CHEVAL CHEVRE SINGE

PHOENIX CHIEN SANGLIER

 

Publicité
Publicité